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Comment les payens eurent proposé de pendre guy. et puis les crestiens le secoururent puissamment

Le .xv. chapitre.

Après que guy de bourgoigne fut bien lié estroictement l'admiral fist venir brullant de mommiere. Et sortibrant et leur dist. je vous prie que me donnez conseil que je doy faire de cestuy prisonnier qui m'a fait telle vergoigne et mesprisance comme vous veez et savez. Sire dist sortibrant je vous conseilleray tresbien se vous me voulez croire. Vous ferez lever unes fourches près des fossez de la tour en laquelle sont les prisonniers de france et y ferez demain pendre par le col cestuy prisonnier. et faictes que vous ayez en lieu secret près des dictes fourches dix mille turcz bien armez et grant point. et je suis seur que ces françoys sont si hardis et desmesurez que quant ilz verront pendre leur compaignon qu'ilz viendront dehors pour le secourir. et voz gens qui seront mucez la au près viendront sur eulx pourquoy vous les aurez tous et bien seurement pour en faire du tout a vostre plaisir. Cestuy conseil fut approuvé par l'admiral estre bon et en fut bien content. pourquoy sans aultre deliberacion avoir les fourches furent faictes comme devant avoit esté dit. et bien près de celluy lieu avoit ung petit boys et fit secretement mettre en grant point vingt mille combatans et les commanda estre gouvernez par le roy clarion et les aultres capitaines et puis l'admiral fist mener guy a trente sarrazins contre les fourches. lesquelz ne cesserent point de fraper sur son corps de gros bastons qui du tout luy perçoient la chair et desrompoient les os bien amerement. vous povez pencer en quel estat estoit son corps quant on le desrompoit ainsi villainement quant il avoit les mains lyees derriere son dos moult estroictement quant il sentoit une grosse corde parmy son col quant il avoit les yeulx bendez et ne veoit riens ne ne sçavoit ou il alloit. Cecy pensant crya a haulte voix. O redempteur et mon dieu du quel je suis en peine et vois mourir maulvaisement pour le merite de ta sainte passion prens mon ame en ta garde car le corps prent sa fin. et ainsi que j'ay mestier de ton aide vueille moy conseiller et aider. O nobles barons de france me verrez vous jamais. ne me viendrez vous point secourir. se vous me laissez pendre ce vous sera grant vergoigne. O rolant beau cousin souviengne vous de moy ou jamais ne me verrez vif. Cecy disant piteusement Rolant estoit en une fenestre et regarda oultre une petite roche et veit les fourches levees pourquoy tout commeu il vint a ses compaignons et leur dist. Messeigneurs je me esmerveille bien que veulent dire les fourches que j'ay veues sur les fossez je ne sçay pas a quel propos ce a esté fait. Quant les aultres veirent le fait naymes leur dist que sans faultes elles estoient faictes pour pendre guy. Cecy disant ilz le vont veoir tout despoillé allant contre les fourches. et congneut bien que s'il n'avoit secours qu'il seroit pendu. Quant floripes ouyt pladoier ces barons: elle s'en vint a eulx pour sçavoir que c'estoit. et puis quant elle veit les fourches dressees et guy son amy et espoux advenir ainsi pour mener vitupereusement vous povez penser en quel estat elle estoit reduyte et commença a cryer. O nobles chevaliers laisserez vous pendre guy vostre compaignon devant vous et devant voz ieulx. ne vous fiez point que s'il meurt par celluy dieu qui m'a faicte et formee je me laisseray cheoir aval ces fenestres et mourray en desperation. et puis s'en vint devant rolant enclinee des deux genoulz. et luy va baiser les piedz bien humblement en disant. Sire rolant en l'onneur de dieu je te veulx prier qu'il te plaise de prendre peine pour devoir mon amy secourir aultrement je suys femme perdue. pensés de vous armer: et je vois faire aprester voz chevaulx. car le temps est tant brief que au plaisir de dieu soyez vous a temps et heure. Avant que floripes parlast guieres Rolant a ses compaignons se vont armer hastivement et seindre leurs espees et leurs escus et vont hors de la tour et monterent tous a cheval. puis saillirent dehors et devant qu'ilz se missent a chevaucher Rolant va dire. Seigneurs a ceste heure gist nostre mort ou nostre vie tellement que se nous n'avons bonne conduyte et loyalle. jamais nous ne retournerons. Nous ne sommes que dix et les payens sont de multitude innumerable et de grant force a merveilles. en l'onneur de dieu je vous prie et requiers que tousjours nous nous tenons ensemble et que l'ung soit garde de l'aultre et le plus que faire se pourra: car se nous sommes divisez nous serons prins et penduz et d'autre part que se l'ung de nous tombe a terre que des autres soit levé ne pour mort ne pour vie qu'il ne soit abandonné. ne ne faille l'ung a l'autre et je seray celluy qui vous meneray ensemble au plaisir de dieu. car je vous jure ma vie que tant que je pourray tenir en ma main durandal ne que j'auray sang en mon corps ne vie vous aurés en moy ung bon garent. et pareillement ont dit les autres Floripes dist mes seigneurs vous pourrez trop demourer et s'en va en sa chambre et ouvrit son coffret ou estoit la couronne de jhesucrist et moult reveramment la baiserent et la poserent sur leurs testes pourquoy de couraige ilz ne doubterent riens la puissance des payens et vont dehors. puis floripes et ses damoiselles vont relever le pont et fermer la tour. Les nobles pers de france s'en vont bellement en bonne ordonnance contre les fourches aval les prés. et les payens estoient dessoubz les fourches et montoyent guy de bourgoigne qui avoit les yeulx bendez et les poingz liez. et si avoit une grosse corde autour du col. Cecy voyant rolant hasta son cheval et les autres après. et commença a crier aux payens. Ha traistres mastins il ne sera pas comme vous pensez. vous avez commencé telle chose. dont vous vous verrez mal contens. De cestuy bruit qui fut fait impetueusement les plus hardis des trente qui tenoyent guy se mirent a fouyr. et furent si hastivement poursuyvis que les vingt furent occis. Sur cecy ceulx qui estoient aux boys vindrent dehors faisant grant bruit. et tout premier cornifer merveilleux payen sur ung moreau de grant façon et commença a crier. Ha françoys desmesurez venés vous secourir le pendu de l'admiral. vous avez fait folle entreprinse. car avec luy tous penduz vous serez. Quant rolant ouyt le payen il fut moult courroucé et tint durandal. et vint contre luy comme ung loup enragé. toutesfois le payen frappa sur son escu moult dangereusement. mais après qu'il se fut recouvré il attaignit le payen si puissamment qu'il luy fendit la teste jusques au corps bien avant. Après qu'il fut mort rolant s'en vint courir jusques aux fourches et puis desbenda et deslya guy de bourgoigne et luy dist qu'il se tint près de luy jusques il fust armé. et après que rolant eut occis ung autre payen. Guy estant en l'asseurance dudit rolant et des autres pers de france il s'arma incontinent des armes de celluy payen moyennant ses compaignons et monta sur son cheval. mais ce ne fut pas sans grant peine et merveilleuse deffence qu'ilz firent. car tous ses sarrazins qui estoient au boys vindrent sur les barons de france. avecques ce ilz leur firent beaucoup d'inconveniens Toutesfois a l'aide de dieu ilz furent de si trebon gouvernement. et si entier couraige. de si merveilleuse deffence et si grant puissance que pour celle heure ilz misdrent tant de ces sarrazins a mort que la place en estoit toute encombree et estoyent tous empeschez d'aler oultre. entre lesquelz fist merveilles Guy de bourgoigne: car après qu'il fut armé par la conversacion de ses compaignons il fit grant portement en disant aux payens. O traistres mastins je vous monstreray ceste journee que je suis eschappé de voz mains. Et par ainsi combatans firent retourner les sarrazins ung grant trait d'arc. Cecy faisant d'aultre part plus de dix mille sarrazins estoient appareillés pour leur empescher le passage qu'ilz ne se peussent retraire. Pourquoy roland tenant durandal en sa main voyant cecy appella tous ses compaignons et leur dist. Seigneurs il ne nous est pas besoing de reculer. mais nous est necessité d'avancer pour nostre conservacion. se nous povons gaigner le pont nous ne doubtons riens. et bonnement nous pourrons saulver. Sire roland dist guy de bourgoigne vous sçavez que en la tour n'a riens a menger. et se nous estions dedens nous ne sçaurions que faire sinon bailler. et je vous jure sur ma vie que j'aymeroye mieulx que mon corps fust playé dangereusement en combatant sur ces payens que de mourir de fain leans et sans dangier. et s'il est le vouloir de dieu que nous devons mourir en cestuy jour tout soit fait a son plaisir et nous prendrons en gré comme bons et loyaulx chevaliers de dieu. Tous les aultres barons furent de son oppinion et vont avoir grant propos d'eulx porter vaillamment Eulx estans en ce propos de ce porter vaillamment comme dit est. Floripes fut la en une fenestre de la tour et veit Guy de bourgoigne son amy dont elle estoit moult joyeuse et luy cria a haulte voix qu'il luy pleust de la venir baiser en disant que se elle vivoit pour la promesse des barons que son pere l'admiral seroit une fois en son dangier. Pourquoy ogier le dannoys va dire. Seigneurs chevaliers avez vous ouy la pucelle comme elle parle noblement dont elle est bien digne que on face beaucoup pour elle. et sachez que se nous n'y retournons je ne seray pas a mon aise. Sans plus aultre langaige faire les françoys s'en vont contre les sarrazins hastivement desquelz rolant estoit tousjours le premier et faisoit grant bruyt et desconfite des payens qui le evitoyent et s'enfuyoyent devant luy comme l'oyseau devant l'esprevier. Guy de bourgoigne vint de course courir contre ung payen moult fier et orgueilleux qui se nommoit Rampier et l'attaignit si durement au hault de la teste qu'il fendit jusques au millieu du corps. pourquoy quant roland veit son grant portement il luy dist guy beau cousin j'ay bien veu comment vous avez menassé le payen. et avez fait par maniere que floripes vous doit bien aymer et tenir chier.

 

Comment les pers de france devanditz furent despourveuz de vivres. et puis restaurez. et puis assiegez et combatus par les payens

Le .xvi. chapitre.

Quant floripes la courtoise estant avec ses damoiselles en la tour veit les barons de france estre asseurez devant le chasteau elle leur cria haultement. Seigneurs je vous prie que vous aiez souvenance de recouvrer des vivres devant que vous entrez ceans affin que n'en ayons necessité mortelle Olivier et Roland entendirent bien la pucelle qui dirent qu'elle avoit bien parlé et assez a temps. Car se nous entrons au chasteau nous n'en pourrons pas partir a nostre aise. et sur ce tous ces barons d'ung couraige vont contre ces sarrazins et les desrompirent tellement qu'ilz vuiderent la place et les firent reculer moult loing Et ainsi qu'ilz retournoyent contre la tour une bonne adventure leur advint. car vingt sommiers vont passer par la lesquelz estoyent chargez de vin. de blé. de pain. de chair abondamment et tantost tous ceulz qui les menoyent furent occis et mis a mort. Puis s'efforcerent de les mener prestement et conduire tant qu'ilz furent en la tour. et en passant ilz vont trouver basin qui estoit mort comme j'ay dit dessus. et l'emporterent en la tour avec eux et furent leans a seureté. car incontinent leverent les pontz et fermerent les portes bien seurement. et eurent assés a manger pour deux moys ou plus. Vous povez penser se l'admiral estoit joyeulx quant il vit guy qui avoit esté en sa subjection. et estoit adonc avec ses compaignons. et aussi quant il sceut qu'ilz estoyent fournis de vivres tant abondamment Pourquoy tresmal content il va convoquer tout son conseil. et demanda brullant de mommiere Sortibrant de connimbres et de ses familiers et leur dist. Mes barons vous sçavez que ces françoys nous ont tresmal gouvernez. Ilz ont la tour garnie de blé. de vin et d'aultres viandes. et se d'aventure il vient a sçavoir a roy Charles nous serons empeschez. car il les viendra secourir. et ne luy pourrons faire resistance continuelle pour sa puissance qui est tant grande vous le sçavez. dont je suis en grant pensement et melancolie que nous pourrons faire A cecy Sortibrant respond et dist. Sire admiral je conseille que chascun soit armé et en grant point pour asseoir engins pour assaillir et rompre la tour. et puis qu'on face sonner et tromper mille corcz impetueusement. et quant les françois les ourront de paour ilz seront espoventez. pourquoy a noz volentez nous pourrons entrer dedans. Brullant de mommiere luy dist. Sortibrant mon amy vous parlés d'une grant folie. ne croyez point que les françoys qui sont leans soyent de si foible condicion que vous les espoventés a sonner cors. certes vous ne les aurez point pour menasser et vous diray la raison. La fleur des barons de france est leans les plus puissans et les plus nobles. Rolant y est qui est si puissant et si courageux que personne ne se ferme a luy qu'il ne mette a mort. Le conte Olivier sçavez riens de sa grant fierté qui conquist le roy fierabras le plus puissant de tous les payens. et je vous jure mahom qu'il est en leur compaignie. car je l'ay bien ouy dire. Après y est le conte de mondidier Gerard qui nous a fait grant dommaige. Aussi y est Tierry duc d'ardaine et ung viellart qui nous a occis et estranglé de noz gens plus de mille qui se nomme Naymes duc de baviere. Semblablement guy de bourgoigne qu'ilz nous ont osté quant on le menoit pendre. et d'aultres y sont que je n'ay pas nommez. Il n'en ya. que .xi. car l'ung a esté occis. et vous sçavez qu'ilz sont tous de grande resistance. Rolant le nepveu de charles a le corps si fier qu'il ne doubte homme vivant ne coup ne trait qu'on luy donne. et ne doubtés point que s'ilz estoient tous telz comme luy en ce chasteau. ilz nous mettroient hors de ce royaulme ou nous y feroient mourir. et je croy que leur dieu veille pour eulx. car moult il les a gardez. les nostres dieux sont malheureux. car long temps a qu'ilz ne nous ont riens aidé. De la parolle de brullant fut moult courroucé l'admiral et luy dist. Vous avez tresmal et follement parlé et cecy disant il frappa de son baston. mais le roy sortibrant le luy osta en disant. Sire admiral laissez vostre courroux et pensons d'assaillir ceste tour et faisons que ces françoys desloyaulx soyent vaincuz et decoupez. Et ainsi comme il fut dit l'admiral fit venir trompettes et clerons et autres engins a tromper et faire bruit tellement que tant de sarrazins furent la assemblez qu'ilz tenoient une lieue a la ronde. Après l'admiral fist venir ung ingenieux enchanteur qui s'appelloit Marbou qui fit deux engins a couvertes seures et gardoient que ceulx qui estoient dessoubz ne pouvoient estre gastez des françoys. Et moyennant ces engins ilz conqueterent les premieres gardes du chasteau. pourquoy les françoys furieux comme lions vindrent aux portes de la tour et les pucelles aussy toutes armees lesquelles avec les barons firent grant devoir car celluy qui estoit frappé par elles estoit bien terrible s'il ne cheoit mort par terre. car elles estoient en hault et gettoient grosses pierres dars de fer et autres engins mortelz desquelz ilz firent resistance continuelle

Comment la tour fut esquartellee et brullee par enchantement et les françoys furent en grant peril de mort et restaurez par ung assault qu'ilz feirent sur les payens

Le .xvii. chapitre.

Les payens perseverans en l'assault devantdit l'enchanteur vint devant l'admiral et luy dist trescher sire j'ay faitz mes engins tous apprestez. moyennant lesquelz sur ma vie je vous rendray les françoys faictes oster voz gensdarmes du lieu et que j'en aye cincquante mille bien destres de la personne et bien armez. Et quant ilz furent bien apprestez ainsi comme il estoit devisé l'enchanteur les fit mettre a l'entour de la tour et par son art il va faire enflambez fusilz merveilleux que les pilliers de marbres et autres pierres vont commencer a bruller et a faire feu a oultrance dequoy par les françois furent tous perturbez et vont dire qu'il leur seroit force de rendre la tour sans sçavoir moyen de saulver leurs personnes. A cecy floripes leur dist. Seigneurs ne vous esmayez encores si fort jusques a tant que voyez plus oultre: et incontinent elle va prendre aulcunes herbes et autres medicines et les fist destremper en vin car elle congnoissoit et sçavoit la maniere comment celluy feu artificiellement brulloit les pierres: aussi fist elle brevaige que quant il fut getté sur celluy feu il ne brulloit plus riens l'admiral cuida enrager: mais sortibrant luy dist que tout cecy se faisoit moyen floripes sa fille: pourquoy l'admiral estoit d'une intencion de faire mourir cruellement le roy sortibrant et luy dist qu'il fist sonner ses cors et trompettes et recommencer l'assault de nouveau et que a celle fois il seroit force que les françoys fussent vaincuz. car je suis seur que ilz n'ont riens a getter sur nous car tous les traitz et pierres leur sont faillies Et fut fait l'assault comme il fut dit si tres impetueusement que il sembloit qu'ilz fussent tenebres en ce lieu des fleches dars espieux pierres et autres traitz et engins par telle maniere que les gros quartiers des murailles tomboyent a terre. Les barons de france moult esbahyz de l'assillie disoient l'ung a l'autre que a celle heure il fauldroit qu'il fussent vaincuz: car ilz veoient a terre ruer les murailles principales du chasteau: en grant pensement floripes leur dist. Seigneurs ne vous esmayés point. la tour est assés forte pour nous garder bien plus avant: et d'aultre part le tresor de mon pere est ceans qui est en billons et platines d'or allons les querre aussi bien en pourrons nous occir les payens comme d'aultres pierres et mieulx. Cecy estre dit guy de bourgoigne son amy vint a elle de grant joye et la baisa moult amoureusement et puis elle va ouvrir la tour ou estoit celluy tresor innumerable et a grande quantité le porterent sur les creneaulx de la tour et gettoyent a ces payens tellement que ilz en fasoient moult grande desconfiture. oultre plus les payens voyans l'or en celle grande habondance cheoir sur eulx vont cesser de l'assault: mais pour leur avarice de celluy or se vont combatre et occir l'ung l'autre: pourquoy l'admiral fut desplaisant tellement qu'il cuida mourir et commença a crier a haulte voix. O barons sarrazins laissez cestuy assault qui me vient a dommaige irreccuperable: car je voy bien que mon tresor se pert que j'ay tant mys a assembler et je l'avoye recommandé au dieu mahom et l'en avoye fait garde dont il a failly maintenant: mais sur mon ame se je le puis tenir je l'en feray plourer. Le roy sortibrant respondit. sire admiral ne prenez point merveilles de vostre tresor: et n'en sachés maulgré a mahom car il n'en peult mais se de present on le luy a emblé et desrobé il a esté endormy aultrement j'en suis esbahy: car tousjours la ville jusques maintenant et ces françoys sont cautz larrons qui l'ont emblé bien subitement. L'admiral bien courroucé a cause du soir vint en son repaire avec ses gens pour souper. cecy estre fait quant l'admiral fut assis a table roland qui estoit en la haulte tour avec ses compagnons bien seurement pour soy aiser se va mettre sur une fenestre et en pensant il veit l'admiral assis a table par une fenestre et puis s'en vint aux autres barons et leur dist. Messeigneurs et mes freres je regarde que l'admiral est avec ses principaulx a soupper et pense de soy tenir bien aise et il me semble que grande prouesse nous seroit et grant bien que nous trouvassons maniere de luy faire laisser son repas. Les autres compagnons vont estre de son accord et prestement ilz furent armez et mys en point et bellement vont yssir de la tour venans contre la maison de l'admiral. mais l'admiral qui estoit son nepveu luy dist. Chier nepveu espoulard par adventure les françoys nous veullent faire refroidir nostre souper despeche toy soyes appresté et fais qu'ilz soient decoupez et confonduz et tantost fut en point espoulard et bien monté et vint devant les barons et tenoit en sa main ung dart d'acier mortel. et tout premier rencontra roland et l'attaint sur son escu tellement qu'il fut tout estourdy: mais bien luy en print: car en la chair il n'eut point de playes Roland vit après luy le payen et luy donna si bon coup qu'il le fit tresbucher de son cheval: mais le turc fut valeureux et homme de grant force/ car moult legierement remonta a cheval et roland le frappa de son espee tellement que le payen ne sçavoit ou il estoit. et ainsi que le payen cheoit bas roland puissamment le charga devant luy au travers du col de son cheval et l'emporta. L'admiral voyant cecy tout enraigé escria ses gens qu'ilz secourussent a son nepveu: mais ilz n'y sceurent que faire. car en le deffendant plusieurs furent tuez et sans nombre en y eut de navrez: pourquoy fut force aux payens d'eulx enfouyr et roland ne cessa de courre jusques a tant qu'il fut en la tour. Et quant les barons furent en la tour n'avoient doubte de nul.

Cy commence la tierce partie du second livre qui contient .xvi. chapitres. et parle comment les barons de france furent secouruz et les payens confonduz