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Les aventures du capitaine Corcoran

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XXVI. Secours imprévu. La mort de deux héros.

C'était, à ce qu'il lui sembla d'abord, un objet de dimension extraordinaire et d'une extrême mobilité. Puis, l'objet se rapprochant toujours, il crut voir un oiseau gigantesque qui descendait rapidement sur sa tête. Puis, enfin, il reconnut la Frégate et la voix joyeuse de son ami Quaterquem. Jamais les naufragés de la Méduse, apercevant enfin une voile sur le désert immense de l'Océan, ne ressentirent une joie pareille.

«Dis-moi donc, cher ami, s'écria Quaterquem, que fais-tu là avec tes tigres, ton éléphant, ta femme, ton fils et quinze cents badauds anglais qui dorment autour de toi avec des mines de gendarmes?

– Mon bon Quaterquem, dit Corcoran en l'embrassant, commence par prendre Rama et Sita dans ta Frégate et fais-les souper tout de suite, car ils n'ont rien mangé depuis trente-six heures.

– Oh! massa Quaterquem, s'écria Acajou, pas mangé, petit blanc! Tranche de pâté, bon vin, faire plaisir à petit blanc.»

Ces deux mots divins: «tranche de pâté,» éveillèrent tout d'un coup Rama, qui se mit à souper de très-bon appétit. Sita elle-même ne fit pas de cérémonie, non plus que Corcoran, qui, la bouche pleine, raconta ses aventures à son ami.

«Je me doutais bien, dit Quaterquem, que tout cela finirait mal. Cependant je ne croyais pas que mes pressentiments se réaliseraient si tôt. Ce matin, j'ai quitté mon île, avec Acajou, pour venir chercher Sita et toi. Alice vous attend. Je descends à Bhagavapour. Sougriva m'apprend que tu es à l'armée et que tu as déjà vaincu un général qui s'appelle, je crois, Spalding ou Spolding. Naturellement, je l'en félicite, et je viens te chercher ici. Point du tout: je vois ton armée toute débandée; on me dit que tu as été tué hier dans une échauffourée; j'accours pour te donner au moins la sépulture. Je m'informe: on me dit que tu vis encore. Je remonte dans les airs, je cherche et enfin je t'aperçois perché sur ton rocher. Allons, viens avec nous; je vais te ramener où tu voudras, dans mon île ou même à Bhagavapour, si cela te convient mieux.

– Non, je n'en aurai pas le démenti! s'écria Corcoran. Tu emmèneras Sita et Rama; mais moi, je veux sortir d'ici par mes seules forces, et défier cet insupportable Anglais.

– Il est fou! dit Quaterquem, mais il est encore plus Breton, c'est-à-dire entêté.... Le voilà qui veut traverser l'armée anglaise! Y songes-tu?

– J'y songe si bien, que si tu veux planer un instant au-dessus de ma tête, tu me le verras faire avant un quart d'heure. D'ailleurs, crois-tu que je veuille abandonner à l'ennemi Louison et Scindiah? Ce serait une noire ingratitude.»

Les prières et les embrassements de Sita ne purent fléchir la résolution de Maharajah. Il attendit patiemment que Quaterquem fût parti avec la Frégate, et, resté seul sur le rocher, il éveilla doucement Scindiah, qui dormait en rêvant au bonheur de manger de la paille de riz ou de la canne à sucre.

Louison descendit la première pour éclairer la route. Corcoran venait après elle, ayant Scindiah à sa droite et Moustache à sa gauche. Le terrible Garamagrif fermait la marche.

Mais une caravane si nombreuse ne pouvait passer inaperçue au milieu de l'armée anglaise. Une sentinelle donna l'alarme et fit feu.

La balle atteignit Garamagrif dans le flanc gauche. Il fit un bond terrible, poussa un rugissement, et, saisissant le soldat à la gorge, il l'étrangla net.

Mais, au bruit, à la lueur du coup de feu, tout le bataillon s'éveillait et reconnaissait Corcoran.

Celui-ci prit résolûment son parti, et, tenant son sabre d'une main, son revolver de l'autre, tantôt faisant feu, tantôt sabrant, précédé et suivi de ses trois tigres, il arriva jusqu'à la ligne anglaise; là, il se crut en sûreté.

Malheureusement les feux qu'on allumait de tous côtés éclairaient sa course, et les Anglais le saluèrent d'une décharge d'artillerie mêlée de coups de fusil.

Il se retourna: Garamagrif et Scindiah venaient d'être frappés à mort, l'un d'une balle qui l'atteignit au coeur, et l'autre d'un boulet de canon. La mort réconcilia les deux adversaires. L'intrépide Garamagrif jeta un dernier regard de mépris sur le lâche ennemi qui l'attaquait par derrière, et mourut. On peut dire de lui ce que le poète a dit des braves tombés au champ d'honneur:

L'ennemi, l'oeil fixé sur leur face guerrière,

Les regarda sans peur pour la première fois.

Louison, immobile et consternée, les yeux pleins de larmes, contempla quelques instants en silence ce fier Garamagrif, ce compagnon de sa vie. Elle se rappela les joies du passé, et parut vouloir ne pas l'abandonner; mais, sur un geste attendri de Corcoran, qui l'embrassa et lui montra le pauvre Moustache devenu orphelin, elle résolut de vivre.

L'approche de la mort n'ébranla pas la belle âme de Scindiah. Comme il avait toujours cherché la justice et fui l'iniquité, il attendit sans inquiétude la fin de ses souffrances. Modeste autant que bon, aimable, doux et sincère, il a laissé dans le coeur de ses amis une mémoire qui ne périra jamais.

XXVII. Des traîtres! Toujours des traîtres!

La nuit sauva Corcoran et Louison. La cavalerie anglaise, craignant quelque piége, n'osa les poursuivre hors de l'enceinte de son propre camp, et le maharajah s'empara d'un cheval qui était attaché à un piquet des grand'gardes. En un clin d'oeil il se mit en selle, et partit au galop.

Louison resta quelque temps indécise. Elle voulait venger son cher Garamagrif, elle voulait suivre Corcoran.

«Console-toi, ma chérie, dit le maharajah, tu le retrouveras dans un monde meilleur. Avant tout, il faut rejoindre l'armée. Cette nuit le salut, et demain la vengeance.»

Tout en galopant, son cheval fit un écart qui faillit le désarçonner. Un objet informe s'élevait dans l'ombre et semblait demander grâce.

Corcoran arma son revolver.

A ce bruit sec et inquiétant, l'objet informe s'aplatit sur le sol en poussant un cri de frayeur:

«Seigneur! Grâce! Pardon! Grâce!»

Corcoran mit pied à terre.

«Qui es-tu? dit-il. Parle vite, ou je te tue.»

Déjà même, sans qu'il eût la peine de s'en mêler, Louison, enragée contre toute l'espèce humaine depuis la mort de Garamagrif, allait mettre le pauvre diable en pièces.

«Hélas! seigneur maharajah, s'écria l'autre, car à la voix impérieuse et brève de Corcoran il avait reconnu son maître, retenez Louison, ou je suis un homme mort. Je suis Baber, votre meilleur ami.

– Baber! Que fais-tu là? Où est mon armée?

– Ah! seigneur, dès qu'ils ont vu les Anglais s'avancer, la frayeur s'est répandue dans le camp.

– Et mon général Akbar?

– Akbar a essayé pendant cinq minutes de les rallier; mais on ne l'écoutait pas. Un des cavaliers qui vous accompagnaient hier au camp des Anglais a crié que vous étiez mort. A ce cri, toute la cavalerie a pris au grand trot le chemin de Bhagavapour. L'infanterie a suivi et Akbar n'a pas voulu rester en arrière. Ils doivent être à présent à trois ou quatre lieues d'ici.

– Et toi?

– Moi, seigneur!… j'ai crié de tous les côtés qu'on mentait, que vous étiez vivant, plus vivant que jamais, qu'on s'en apercevrait avant deux jours.

– Bien! Et d'où vient que je te trouve ici sur le grand chemin, à trois lieues en arrière des fuyards?

– Ah! seigneur maharajah, ces misérables étaient si pressés de fuir qu'ils ont passé sur le corps de tous ceux qui ont voulu les arrêter.

Baber poussa un grand soupir.

«Le fait est, dit Corcoran en l'examinant, que tu es cruellement meurtri, mon pauvre Baber. As-tu cependant la force de marcher?

– Pour vous suivre, seigneur, dit l'Hindou, je marcherais sur la tête et sur les mains.»

Et, en effet, grâce à la prodigieuse souplesse de ses membres, Baber parvint à se lever, et à courir pendant un quart de lieue à côté du cheval de Corcoran; mais là les forces lui manquèrent.

Corcoran se désespérait, Baber était pour lui l'allié le plus précieux, après sa chère Louison.

«Seigneur, dit Baber, tout est sauvé. J'entends le galop de deux chevaux attelés à une voiture. Ce doit être un des fourgons de l'armée. Laissezmoi faire. Mettez-vous en embuscade derrière la haie et ne venez que quand je vous appellerai.»

Le bruit se rapprochait.

Quand la voiture ne fut plus qu'à cinquante pas de l'Hindou, il éleva la voix tout en gémissant, et cria de toutes ses forces:

«Qui veut gagner deux mille roupies?»

Aussitôt la voiture s'arrêta, et deux hommes descendirent armés jusqu'aux dents.

«Qui parle de gagner deux mille roupies? demanda l'un d'eux, qui tenait à la main un long pistolet.

– Seigneur, dit Baber, je suis blessé à mort. Relevez-moi, portez-moi en lieu de sûreté, et je vous donnerai les deux mille roupies quand nous serons au camp.

– Où sont-elles? dit l'homme.

– Dans ma tente, au camp du maharajah.

– Ce coquin se moque de nous et nous fait perdre un temps précieux.»

En même temps l'homme voulut remonter dans la voiture avec son camarade.

«A moi, seigneur maharajah!» cria Baber.

En même temps, il s'élança à la tête des chevaux et se suspendit au mors pour les empêcher de partir.

L'homme qui avait parlé tira un coup de pistolet à bout portant.

Baber baissa la tête et évita la balle, mais sans lâcher prise.

En même temps Corcoran parut.

«Halte! canaille!» cria-t-il d'une voix tonnante.

A cette voix si connue, à la vue du maharajah, les deux hommes se prosternèrent.

«Seigneur, notre vie est en tes mains, qu'ordonnes-tu?

– Déposez vos armes!» dit Corcoran.

Ils obéirent avec empressement.

Corcoran prit la lanterne et l'élevant à la hauteur du visage des prisonniers, il reconnut avec étonnement son général Akbar.

«Où vas-tu?» dit-il.

 

Akbar garda le silence.

«Je vais vous le dire, répliqua Baber. Akbar désertait. Il allait au camp des Anglais.

– C'est faux, s'écria Akbar en balbutiant.

– Traître! dit Corcoran. Et toi?»

Le compagnon d'Akbar n'était pas moins effrayé que son chef.

«Seigneur, je ne suis qu'un simple officier. J'obéissais à mon général.

– Baber, dit Corcoran, attache-leur les pieds et les mains, jette-les dans l'intérieur de la voiture, et tourne la bride des chevaux vers le camp. C'est le conseil de guerre qui décidera de leur sort.»

Baber obéit, sans qu'aucun des deux misérables osât lui résister. La vue de Corcoran et de Louison leur glaçait le sang dans les veines.

«Et maintenant, en avant, et au galop! s'écria le maharajah. Il faut que nous soyons au camp avant une heure, qu'à midi nous commencions la bataille avec les Anglais, et qu'à six heures du soir nous ayons vengé Garamagrif et Scindiah. N'est-ce pas, Louison?»

XXVIII. Dernière et épouvantable bataille.

Je ne crois pas nécessaire de dire avec quelle joie le camp mahratte tout entier accueillit le maharajah. Si les officiers tremblaient à la pensée des périls auxquels son courage pouvait les exposer, les soldats vénéraient franchement en lui la dixième incarnation de Vichnou, et se croyaient invincibles pourvu qu'il fut à leur tête.

Corcoran fit faire le cercle, et dit:

«Soldats,

«Des traîtres et des lâches ont répandu le bruit de ma mort. Je suis vivant, avec la protection divine de Vichnou, pour vaincre et punir.

«Vous ne demandiez qu'à combattre. On vous a donné l'exemple de la fuite. Désormais, vous n'aurez d'autre chef que moi.

«Nous allons recommencer la bataille. Je jure par le resplendissant Indra, que le premier qui prendra la fuite sera fusillé.

«Je jure aussi que tout officier ou soldat qui aura pris de sa main un drapeau ou un canon sera fait zémindar dès ce soir, et recevra cent mille roupies.

«Pour moi, couvert de la protection toute-puissante de Siva, j'entrerai parmi les barbares comme la faux dans les rizières, et je répandrai sur eux la terreur et la mort.»

On cria de toutes parts:

«Vive le maharajah!»

Et l'on se crut sûr de vaincre.

Vers huit heures du matin, on aperçut l'avant-garde de l'armée anglaise qui avançait en bon ordre. Corcoran parcourut au galop les rangs des Mahrattes.

«Que chacun de vous fasse son devoir, dit-il, et je réponds de tout.»

Les Anglais s'avançaient en bon ordre, mais sur un terrain désavantageux. A droite et à gauche de la grande route s'étendaient de vastes marais. Corcoran, qui avait d'avance étudié le champ de bataille, profita de cette disposition du terrain.

Son artillerie enfilait la chaussée. Derrière l'artillerie, on apercevait une nombreuse infanterie destinée à la soutenir.

Pour lui, à la tête de six régiments de cavalerie et de huit régiments d'infanterie (car il n'avait laissé derrière ses canons qu'une faible partie de son corps d'armée, afin de faire prendre le change à l'ennemi sur ses desseins), il fit secrètement le tour des marais, s'engagea dans les jungles et tomba tout à coup sur les derrières des Anglais.

On ne croira pas sans doute qu'il soit nécessaire de donner une description de la bataille. Corcoran, qui aurait pu être à volonté Alexandre, Annibal ou César, mais qui préférait être Corcoran, remporta une victoire complète. Pendant que son artillerie barrait la route aux Anglais et, à chaque décharge, emportait des files entières, il entrait avec sa cavalerie parmi eux comme le couteau dans le beurre, et les Mahrattes, excités par son exemple, firent des merveilles.

Mais rien n'approchait de Louison.

Elle s'avançait lentement à la droite de Corcoran, comme un bon colonel qui va passer en revue son régiment; mais aussitôt qu'elle aperçut les habits rouges, elle bondit de fureur, et, sans que personne pût la retenir, elle s'élança sur eux.

En un clin d'oeil, elle eut étranglé quatre ou cinq officiers de marque. En vain Corcoran voulait la rappeler. Elle n'écoutait plus rien.

Cependant, les Anglais, mis d'abord en désordre par cette attaque imprévue, reprenaient lentement leur sang-froid.

Barclay, sans s'étonner, reçut intrépidement la charge impétueuse de Corcoran, et, reconnaissant le maharajah dans la mêlée, donna ordre à cinquante cavaliers bien montés de s'attacher à ses pas et de faire tous leurs efforts pour le tuer. Lui-même se mit à leur tête, jugeant avec raison que la mort du maharajah terminerait promptement la guerre.

Il s'en fallut de peu que le calcul de Barclay ne réussît; mais il avait compté sans Louison.

La tigresse s'aperçut bientôt qu'on cherchait à envelopper Corcoran. A cette vue, elle fit un bond formidable qui la porta au milieu d'un gros de cavaliers, parmi lesquels le Malouin entouré s'ouvrait à grand'peine un passage à coups de pointe.

«Un million de roupies à celui qui tuera le maharajah!» cria Barclay.

Au même instant, Louison lui sauta à la gorge.

Barclay, blessé à mort, s'affaissa sur sa selle. Les Mahrattes, rassurés, s'élancèrent de nouveau en avant et dégagèrent le maharajah. L'armée anglaise commença à plier.

Une heure plus tard, la bataille était terminée, et les Anglais, reconduits à coups de sabre sur la route de Bombay, ne pensaient plus qu'à rendre leur retraite moins désastreuse.

Lord Henri Braddock, qui était venu à Bombay pour décider lui-même du sort du royaume d'Holkar, et qui avait appris le premier succès de Barclay, jugea qu'il était prudent d'arrêter le vainqueur, et fit proposer une entrevue au maharajah.

«Qu'il vienne dans mon camp!» répliqua le Malouin.

Mais il ne se montra pas exigeant sur les conditions de la paix, et, connaissant trop la lâcheté naturelle des pauvres Hindous pour avoir confiance dans l'avenir, il consentit à recevoir le titre d'allié de Sa Majesté Victoria, reine d'Angleterre, impératrice de l'Hindoustan, et se contenta d'une indemnité de vingt-cinq millions de roupies pour les frais de la guerre.

Après quoi, les deux armées étant revenues dans leurs quartiers, il fit son entrée dans Bhagavapour.

XXIX. Conclusion.

Je passe sous silence les fêtes et les réjouissances qui suivirent. Corcoran qui ne se faisait illusion sur rien, était dégoûté du pouvoir. Il n'avait vu autour de lui que trahison et lâcheté. Il résolut d'abdiquer.

«Seigneur maharajah, lui dit le fidèle Sougriva, ne nous abandonnez pas aux Anglais. On ne régénère pas un peuple en trois ou quatre ans.

– Mon ami, dit Corcoran, je suis venu aux Indes pour chercher le Gouroukaramta, et je l'ai trouvé. Je ne cherchais pas une bonne femme et une grande fortune, et je les ai trouvées aussi. Je vous ai montré comment il fallait faire pour être libre. Profitez de la leçon si vous pouvez, et faites-vous tuer plutôt que de vous laisser donner des coups de bâton. Pour moi, j'ai rempli ma tâche, et je peux désormais disposer de moi-même. J'en profite pour abdiquer et rejoindre mon ami Quaterquem. Mais auparavant, je veux faire un legs aux Mahrattes. Avertis mon Corps législatif que j'aurai demain une communication importante à lui faire.»

Le lendemain, il entra dans la salle des séances, et prononça le discours suivant:

«REPRÉSENTANTS DU PEUPLE MAHRATTE,

«Je vous remercie de la fidélité que vous m'avez toujours montrée.

«Nous avons combattu et vaincu ensemble l'ennemi de la patrie.

«Il ne vous reste plus qu'à terminer l'oeuvre commencée,– l'oeuvre de votre délivrance.

«Vous avez conquis la liberté, apprenez à la défendre.

«J'abdique en vos mains, et, dès aujourd'hui, je proclame la République fédérale des États-Unis mahrattes.

«Je remets, pour trois mois, la présidence de la République nouvelle à mon fidèle et intrépide Sougriva. Passé ce temps, vous chercherez vous-mêmes un chef. Puissiez-vous trouver le plus digne!

«Je pars; mais si jamais l'indépendance de la République mahratte est menacée, avertissez-moi. Je reprendrai mes armes et je viendrai combattre dans vos rangs.

«Adieu!»

A ces mots, l'enthousiasme éclata de toutes parts. On voulut retenir le maharajah; mais sa résolution était prise. Il partit le soir même avec son ami, Quaterquem, qui était venu le chercher avec la Frégate.

Louison et Moustache l'accompagnèrent dans son île, qui n'était qu'à trois lieues de l'île Quaterquem.

C'est là que Corcoran vit heureux depuis quatre ans. Un fil télégraphique joint son ile à celle de son ami, et ils peuvent causer tous deux au coin du feu sans se déranger. Alice et Sita se visitent souvent, et les deux familles sont aujourd'hui très-nombreuses, car Corcoran n'a pas moins de trois garçons outre le jeune Rama, et trois filles jouent déjà sur les genoux d'Alice. Ils doivent tous venir à l'Exposition de 1867, vers le 15 ou le 20 juillet.

P.S. On prétend (mais je n'ose affirmer ou contredire ce bruit) que Corcoran n'a pas perdu de vue son ancien projet de délivrer l'Hindoustan de la domination anglaise. On m'a même communiqué tout récemment de nombreux détails sur les intelligences qu'il entretient avec les brahmines des diverses parties de la Péninsule, depuis l'Himalaya jusqu'au cap Comorin; mais je me garderai bien de commettre une indiscrétion. Au reste, qui vivra verra.