Une Lueur Au Cœur Des Ténèbres

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Shinbe sortit de la salle de bain en boutonnant sa chemise bleu glacier en ayant l'air de quelqu'un qui avait prévu une sortie en ville.

— Je suis là, y a le feu quelque part ?

Il s'assit sur le canapé et commença à mettre ses chaussures comme s'il n'avait pas la moindre préoccupation.

Kotaro se tint debout derrière Toya en attendant de voir si Shinbe avait la moindre information sur le lieu où se trouvait Kyoko. S'appuyant sur le comptoir de la cuisine, il regarda Toya qui se dressait tel une tour au dessus de Shinbe.

Si Toya se rappelait ce que Shinbe avait fait pour lui par le passé, il lui montrerait sans doute plus de respect. Kotaro pencha la tête dans une drôle de position en y repensant.

Non, ça n'y changerait rien, se corrigea-t-il. Regarder le garçon péter sa crise aurait été amusant si Kyoko n'avait pas disparu.

— J”ai perdu Kyoko et à présent, je n'arrive pas non plus à retrouver Suki !

Toya tressaillit lorsque Shinbe ne leva même pas les yeux vers lui.

Le sourire suffisant de Shinbe commençait vraiment à lui taper sur les nerfs. Si Shinbe n'avait pas déjà été à moitié abruti par les fréquents coups que Suki lui administrait sur la tête, Toya n'aurait pas hésité à lui éclater la tête. Mais là tout de suite, il avait besoin du cerveau de son ami en état de marche pour obtenir des réponses à ses questions.

Shinbe termina d'attacher les lacets de ses chaussures en sachant que Suki allait lui en vouloir pour ça mais il n'en avait rien à faire. Il lui revaudrait ça. Ils s'amusaient toujours beaucoup lorsqu'ils se réconciliaient après une dispute... son regard était comme figé dans cette pensée plaisante. Se réconcilier avec elle serait amusant...

En entendant un dangereux grondement, Shinbe revint brutalement à lui et accorda à nouveau son attention à son ami, levant un sourcil calmement.

— Quoi ?

— Shinbe, merde ! Je ne joue pas ! Où diable sont Suki et Kyoko ? aboya Toya, son regard doré perçant son ami tel la lame d'un couteau.

Si Shinbe ne se dépêchait pas de lui répondre, il savait qu'il allait exploser.

Shinbe fronça les sourcils, confus lorsqu'il remarqua que Kotaro s'appuyait contre le bar. Toya et l'agent de sécurité ne s'appréciaient même pas, ils ne traînaient certainement pas ensemble. Sa cage thoracique se serra.

— Je ne suis pas certain, mais Suki m'a lâché ce soir en disant qu'elle sortait avec une amie, mais elle ne m'a pas dit avec qui.

Lorsque Toya commença à nouveau à jurer, Shinbe se leva.

— Attends, j'ai pas fini ! Alors calme-toi. Pendant que j'étais à son appartement un peu plus tôt, j'ai vu un flyer sur son bar pour une soirée au Club Minuit avec la date d'aujourd'hui entourée dessus.

Il sourit lascivement.

— Je m'apprêtais à y aller pour voir si j'arrive à la trouver.

Kotaro soupira alors que Toya commença une tirade sur la stupidité des filles. Ne souhaitant pas perdre de temps, il se tourna vers la porte.

— Merci Shinbe, jeta-t-il par dessus son épaule en partant, désormais encore plus inquiet que jamais.

Il espérait seulement qu'elle était en compagnie de Kamui... sous sa protection en quelque sorte.

Shinbe inclina la tête sur le coté en regardant Kotaro partir par dessus l'épaule de Toya, puis il la redressa pour fixer son regard renfrogné sur Toya.

— Il se passe quoi et pourquoi Kotaro était-il ici ?

l’inquiétude zébrait ses yeux améthyste. Il avait toujours apprécié Kotaro mais il ne pouvait l'admettre devant Toya sans se voir épingler comme traître.

Toya attrapa ses clés sur le bar en répondant.

—Je te dirais ça en chemin.

Il se retourna et se dirigea vers la porte, sans même se donner la peine de s'assurer que Shinbe était derrière lui.

Il détestait être sans Kyoko. ça lui sonnait toujours l'impression d'être à la dérive dans la confusion. Il était temps de la retrouver et de la remettre à sa place... à ses côtés.

Chapitre 5

Kyoko n'aimait pas la façon dont Yohji la tenait serrée contre lui et elle sentit le ressentiment en elle sur le point d'éclater. Le repoussant aussi fort qu'elle pouvait avec les paumes contre son torse, elle lui lança un regard électrisé par la colère alors qu'elle tentait à nouveau de l'obliger à la lâcher.

— Écoute, tu dois me lâcher tout de suite, Yohji ! Je suis ici avec quelqu'un.

Elle écarquilla les yeux lorsqu'il se contenta de lui adresser un regard suffisant en la serrant à nouveau.

— Merde !

Kyoko enrageait et se mit à taper du pied, en tentant de piétiner les orteils de Yohji.

De l'autre côté de la pièce,Tasuki avait rapporté un simple thé à la table et il le déposa.

Regardant en direction de la porte afin de voir s'il apercevait Kyoko, son regard s'assombrit lorsqu'il remarqua Yohji en train de la harceler. La plupart des gens qui le connaissaient croyaient que Tasuki était le garçon Américain de base, gentil, bon voisin et populaire à l'école... Mais il avait caché son sale caractère.

Yohji était sur le point de le voir se déchaîner s'il n’ôtait pas rapidement ses mains du corps de Kyoko.

La colère de Tasuki était visible sur son visage alors qu'il traversait la pièce pour aller secourir sa douce Kyoko/

Il savait, par les conversations des autres à l'université, que Yohji et son frère étaient agressifs envers les filles et il avait même fait l'objet d'accusations de viol après des rendez-vous galants, plus d'une fois.

Alors qu'il les approchait, il remarqua le frère de Yohji, Hitomi, qui se tenait près de lui mais cela n'allait pas l'arrêter. Ces deux gars étaient du poison et il le savait. Le regard de Tasuki s'illumina d'une lueur améthyste alors qu'il avançait. Le niveau d'adrénaline était élevé et il grinça des dents en voyant Kyoko lutter pour se libérer.

Kyoko commença à avoir les sourcils qui tremblaient alors que les mains de Yohji remontaient le long de son dos et qu'il saisissait fermement entre ses mains la rondeur de ses fesses, la forçant à se courber contre lui. Elle pouvait percevoir son désir alors qu'il lui adressait un sourire diabolique.

— ça suffit !

Elle avait levé la main si rapidement que Yohji ne l'avait pas vue venir, pas avant d'entendre claquer l'écho à son oreille.

Le frère de Yohji, Hitomi, entendit le son et se retourna pour regarder la joue de son frère, rouge. Il eut un sourire suffisant puis en regardant au delà de son frère, il constata que la garçon nommé Tasuki se dirigeait droit vers son frère, une expression de rage sur le visage.

Connaissant son frère, il savait que ce dernier saurait se débrouiller seul avec la fille récalcitrante, alors Hitomi les contourna pour aller se placer directement en travers du chemin de Tasuki.

— Ou crois-tu aller exactement, mon petit ?

Tasuki regarda derrière Hitomi, confrontant directement Yohji du regard. Il pouvait voir la main de celui caresser la... de Kyoko. Sans même réfléchir, il projeta tout son poids dans le coup de poing qu'il balança dans le ventre d'Hitomi. à son grand étonnement, l'autre garçon bougea à peine.

Comme il était tellement plus costaud que l'élève de prépa, d'un coup de poing, Hitomi envoya Tasuki s'écraser contre le mur opposé du couloir. Il leva les épaules, se disant que le garçon ne se relèverait pas et il se retourna afin de regarder son frère s'amuser avec son nouveau jouet.

Voir la fille lutter pour se libérer provoqua un sourire chez Hyakuhei. "Donc, cette fille ne se laissera pas faire si facilement. Ce sera mon plaisir de la faire plier." En regardant le jeune homme qui était venu défendre son honneur, Hyakuhei décida qui il voulait comme dernière recrue.

Il attrapa promptement le garçon du nom de Tasuki avant qu'il ne s'écrase contre le mur.

Ses sens lui disaient que le garçon était encore pur... un puceau... Comme c'était étrange. S'entourant d'un voile d'obscurité afin que les autre ne les voient pas, Hyakuhei baissa les yeux vers lui. Il l'avait regardé se comporter avec cette fille et plusieurs autres. Il serait un bon choix.

— Bienvenu dans l'obscurité, mon fils... murmura-t-il alors qu'il plantait ses canines dans les veines de Tasuki.

Les yeux d'Hyakuhei s'agrandirent alors qu'il s'imprégnait du parfum du sang du garçon. Pouvoir caché ? Il avait un goût d'améthyste. Il serra le garçon plus fort car il en voulait plus.

Tasuki avait encaissé le coup au visage sans broncher tellement il avait d'adrénaline dans le corps. Il avait l'intention de se relever mais alors que des bras l'enlaçaient par derrière, tout devint noir et il fut paralysé d'une peur instantanée. Une voix douce presque séductrice l'accueillit dans l'obscurité.

Il tenta d'avaler un peu d'air et il sentit des dents acérées s'enfoncer dans la chair de son cou. Alors que sa vie était aspirée, sa dernière pensée fut pour Kyoko. Il avait vraiment besoin d'arriver jusqu'à elle. Il tendait la main vers elle dans sa tentative finale pour aller vers lorsque l'oubli pris le dessus, prenant possession de son dernier souffle.

*****

La main de Kyoko était encore brûlante après l'impact avec la joue de Yohji. Elle voulait revenir en arrière maintenant que tant de regards se tournaient désormais vers elle. Le fait que la claque ait résonné comme un putain de coup de feu n'arrangeait pas la situation.

— Qu'ils aillent tous au diable !

C'était ce qu'elle avait tenté d'éviter mais non, Yohji devait s'en aller et c'était un tel trou du cul. En parlant de culs, il lui restait encore à retirer la main du sien. Elle leva lentement le regard vers lui à nouveau. L'expression de colère dans ses yeux ne l'inclinait pas à croire une seconde qu'il avait l'intention de la lâcher.

 

Elle lui retourna son regard incendiaire, en attendant de voir s'il allait lui retourner la claque ou la laisser partir. Si elle était le genre de fille à faire des paris... elle aurait parié sur la première option.

Kyou voyait bien que le petit brin de fille ne faisait pas le poids contre le désir émanant de ce gars qui la serrait si fort. Il mit mentalement en pièces le chien qui osait toucher ce qu'il avait l'intention d'obtenir pour lui-même. Soudain, cela lui importait peu qu'Hyakuhei le détecte ou pas alors qu'il se décidait. Au moment même ou Kyou fit mine de sortir des ténèbres avec l'intention de l'éloigner de son harceleur, il entendit un grondement grave.

Sonné l'espace d'un instant, Kyou reconnut que ce type de grondement ne pouvait provenir que d'un Lycan. Son regard doré suivit le son jusqu'à sa source alors qu'il continuait de vibrer depuis l'entrée seulement à quelque mètres de la fille. La rage du loup engloutit le couloir bondé.

Kyou concentra son regard sur la scène, en se demandant s'il pouvait se fier à une telle force sans âge aussi près de la fille. Il n'avait pas vu un Lycan depuis la période ou il venait d'être transformé et alors il n'avait regardé que de loin. Il se rappelait avoir une fois dit à Toya que les Vampires et les Loups-garous ne se fréquentaient pas. Toya lui avait demandé pourquoi et il ne lui avait pas répondu car il n'avait fait que répéter les paroles d'Hyakuhei et il n'en connaissait pas la raison.

Kotaro jeta un œil à Yohji en train de tripoter «Sa Femme» et perdit le contrôle. En un clin d’œil, Yohji fut plaqué contre le mur, la main de Kotaro autour de la gorge, le soulevant dans les airs de plusieurs centimètres. Il avait déjà eu affaire aux frères libidineux et ou il y en avait un... l'autre n'était jamais loin.

Ses sens étaient en alerte maximale et il perçut la puanteur d'Hitomi et il sut qu'il arrivait par derrière. D'un seul coup de pied bien placé, Kotaro envoya Hitomi voler dans les airs, pour atterrir, masse informe sur le sol à l'autre bout de la salle. Les gens se dispersèrent et le couloir fut rapidement déserté.

Kyoko était assise où elle était tombée sur le sol, les yeux grand ouverts... ayant presque manqué ce qui venait de se produire, puisque cela s'était produit si vite. Son regard alla de la silhouette informe d'Hitomi à la silhouette d'un Kotaro furieux qui tenait par le cou, Yohji qui lentement bleuissait.

Elle savait qu'il lui fallait arrêter Kotaro avant qu'il ne blesse sérieusement quelqu'un. Kyoko resta bouche bée et commença à se relever. Appuyant ses mains au sol, elle trébucha en se redressant derrière Kotaro, posant une main sur son épaule pour tenter de le calmer.

— Merci, Kotaro, mais ça va maintenant, alors tu peux lâcher Yohji. OK ?

Sa voix était douce mais sa panique s'aggrava lorsque les doigts de Kotaro se resserrèrent autour de la gorge de Yohji. Kotaro tourna le visage vers Kyoko et elle recula instinctivement en voyant la teinte rouge autour de ses yeux bleu glacier.

— J’ai vu où se trouvait sa main, Kyoko, et je crois qu'il est temps de sortir les ordures ! gronda Kotaro alors qu'il se retournait vers Yohji en écoutant avec une fascination morbide alors que le garçon produisait une série de gargouillis et continuait à se cyanoser de façon terrifiante.

La colère de Kotaro fut satisfaite par la couleur plus sombre et il reprit suffisamment le contrôle pour se rendre compte que Kyoko était en train de le regarder, choquée. Il lui fallait calmer sa peur, il attrapa Yohji par le collet et se dirigea vers la porte pour apprendre au salopard les bonnes manières. Elle n'avait pas besoin de voir le reste.

Kyoko cligna des yeux alors que la porte se refermait en claquant derrière Kotaro. Abasourdie, elle était encore dans une confusion liée au choc. Wow... Kotaro pouvait vraiment se révéler effrayant quand il était fou de rage. Elle se sentait même désolée pour Yohji à cet instant précis.

Regardant par dessus son épaule, elle vit le frère de Yohji, Hitomi, encore étalé par terre là où Kotaro l'avait laissé au sol. Pour une fois, cela ne l'embêtait pas que Kotaro se montre si protecteur envers elle. Elle frissonna et tenta de ne pas penser à ce qui aurait pu se produire si Kotaro n'était pas arrivé au moment où il était intervenu.

Kyou la regarda mordiller sa lèvre inférieure comme si elle n'était pas certaine de savoir quoi faire. Lorsque son regard se déplaça à nouveau jusqu'à la porte, il rêvassa. Ainsi, elle avait la protection du Lycan. Il se demanda quels autres mystères entouraient cette fille. Celui-ci n'était vraiment pas un loup normal, celui qu'elle avait appelé Kotaro. Il pouvait sentir qu'il était aussi ancient que lui-même.

Kyoko se rapprocha des portes de verre donnant sur le parking sombre, en se demandant où Kotaro avait bien pu aller. Posant la main sur la poignée, elle commença à ouvrir la porte mais un jeune homme vint se placer devant, lui bloquant le passage. Elle demeura immobile pendant un moment alors que le garçon de petite taille plongeait son regard dans le sien. C'était la plus étrange sensation qu'elle avait connue.

Le garçon avait une chevelure complètement blanche et une peau presque aussi pâle que ses cheveux. Mais ce n'était pas le pire. Ses yeux étaient si noirs, ils semblaient sans fond, donnant à Kyoko la sensation qu'elle était en train de tomber dedans. Le garçon lui adressait un doux sourire, montrant à peine ses canines inhumaines et l'espace d'un instant, Kyoko cru réellement les avoir vu.

Une main sortie de nulle part attrapa l'épaule de Kyoko, accrochant un hurlement terrifié dans sa gorge alors qu'elle se retournait pour voir à qui appartenait la main.

*****

Kyou sortit de l'obscurité lorsqu'il vit le serviteur d'Hyakuhei de l'autre côté de la vitre. Il avait entendu parler du garçon trompeur. Le plus jeune qui semblait si innocent était souvent le plus fatal.

Glissant derrière Kyoko, ses yeux saignèrent et ses canines s'allongèrent, faisant comprendre à ce fantôme de garçon qu'il ne mordrait pas cette fille sans y laisser sa propre vie d'immortel.

La main de Kyoko se figea sur la porte, elle n'était pas vraiment sûre de vouloir l'ouvrir. Quelque chose en ce garçon l'épouvantait réellement. Alors qu'elle commençait à reculer, une lourde main sortie de nulle part attrapa son épaule. Un hurlement de terreur vint se loger dans sa gorge alors qu'elle se retournait pour voir de qui il s'agissait.

Kyoko oublia de respirer alors qu'elle levait les yeux dans un regard d'or éclaté. Une longue chevelure blanche encadrait son visage et ses épaules. Il avait environs deux ans de plus et sa chevelure n'avait pas cette sombre couleur en dessous des mèches argentées, mais il ressemblait presque à ...

— Toya ? murmura Kyoko, hésitante, certaine de se tromper mais la question la plus pressante... pourquoi la pièce tournoyait-elle ?

Aussitôt que leurs regards se rejoignirent, Kyou se sentit attiré par ses yeux. Elle le regardait comme si elle le connaissait. Mais ce n'était pas aussi perturbant que de l'entendre murmurer le prénom de son défunt frère. Ses bras glissèrent autour d'elle, lorsqu'il la vit perdre pied à cause de la boisson impure qu'elle avait consommé plus tôt.

Alors que ses mains glissait sur la surface de sa peau nue, là où le haut était trop court pour la masquer, il sentit une agitation dans son sang de vampire, quelque chose qui lui murmurait de la garder.

La vision de Kyoko avait décidé de lui faire faux-bond pour l'instant. Elle semblait faire fi de sa volonté alors que l'homme devenait flou pendant qu'elle levait un regard curieux vers lui. Même si elle ne pouvait le voir correctement, elle pouvait encore sentir le corps qui la tenait.

Tendant les doigts pour lui toucher la joue, elle demanda :

— Tu n'es pas Toya... Qui es-tu ?

Avant qu'elle ne puisse obtenir une réponse, Bouddha ou quelque soit le Dieu qui continuait à lui jouer des tours, éteignit les lumières alors qu'elle sombrait dans l'inconscience.

Kyou la serra fermement contre lui au moment où son corps devint mou entre ses bras. Elle s'était évanouie mais au moins ça n'avait pas été dans les bras d'un ennemi. Sa tête retomba en arrière, laissant paraître la douce et pâle colonne de sa gorge et Kyou lutta contre ses instincts. Il se demanda en silence si elle n'était pas dans les bras d'un ennemi, après tout. Ses canines commençaient à s'allonger et il imposa sa volonté à la sensation... Celle-ci était trop pure pour de telles ténèbres.

Puis, il sentit la colère monter contre la fille naïve. s'il n'avait été là pour la protéger, que lui serait-il arrivé ? Il trouva bien pratique d'oublier les pulsions qui l'avaient submergé quelques instant auparavant. Si le loup avait été un protecteur adéquat, il ne l'aurait pas laissée. Il regarda autour de lui, comprenant que les amis avec lesquels elle s'était trouvée plus tôt l'avaient également abandonnée.

Étendant sa perception sensorielle, Kyou put encore ressentir la présence de son ennemi juré à lui, Hyakuhei, dans les confins de cet immeuble. Sentant venir le mal depuis les étages au dessus de lui, il sut qu'Hyakuhei se trouvait quelque part en haut dans les pièces du deuxième étage.

*****

Shinbe bondit hors de la voiture avant même qu'elle n'ai cessé de bouger. Une chose le propulsait vers l'avant et le poussait directement vers l'entrée principale de la boîte à vitesse grand V. Il ne pouvait s'enlever de la tête l'image de Suki et Kyoko venant s'ajouter au nombre des filles disparues et ça le terrorisait.

Toya lui avait rapporté ce que Kotaro lui avait dit et une fois qu'il aurait mis la main sur Suki, il s'arrangerait pour la garder là. Sur quelle partie de son corps, il n'aurait su le dire, il lui fallait la retrouver d'abord.

Shinbe s'arrêta net lorsqu'il passa les portes du Club Minuit tel un boulet de canon.

Juste là, au milieu du grand couloir se tenait un homme tenant Kyoko et elle n'avait pas l'air si bien. Elle était sans mouvements et beaucoup trop pâle. D'ailleurs, l'homme non plus n'avait pas tout à fait l'air normal. Pâle était un bien faible mot pour le décrire... ce qui fit Shinbe s'arrêter nerveusement lorsqu'il comprit que l'homme lui rappelait son meilleur ami.

La chevelure argentée et le regard doré... La chevelure de Toya était aussi sombre que la nuit mais elle était parsemée des mêmes mèches argentées que l'homme devant lui. C'étaient là des caractéristiques très peu communes et la seule personne à combiner ces traits inhabituels qu'il ait jamais connu était Toya.

Remarquant que l'homme était en train de se déplacer afin de partir avec elle, Shinbe repoussa son sentiment de malaise. Toya le tuerait s'il n'arrêtait pas le kidnapping de Kyoko.

— Que crois tu être en train de faire avec Kyoko ?

Les yeux améthystes émirent une lueur alors que Shinbe hurlait, sentant bouger ses pieds sans y avoir pensé. Elle n'était peut-être pas sa petite amie mais elle comptait beaucoup pour lui... plus encore qu'il n'aurait voulu l'admettre et de plus, elle était la meilleure amie de Suki. Il était hors de question de laisser partir ce gars avec Kyoko entre ses griffes.

Kyou glissa un bras sous les genoux de Kyoko et la souleva sans efforts. Il la tenait comme on tient un bébé, elle avait la tête posée sur son épaule, il prenait garde de ne pas la déranger. Au moment où sa tête toucha son épaule, elle se blottit dans ses bras en poussant de doux soupirs.

Il pouvait percevoir la confiance et la satisfaction dans son aura alors qu'elle s'habituait à ses bras. Cette femme-enfant le perturbait grandement et plus il la regardait dormir, plus il voulait la dissimuler à tout le monde. Il savait qu'il le pouvait... s'il le voulait vraiment et la tentation était grande, en fait. Il n'avait jamais transformé quiconque en ce qu'il était... mais s'il l'avait voulu... il aurait pu.

Son attitude protectrice envers la fille, ainsi que ce besoin possessif de la garder furent une surprise pour lui et Kyou poussa un léger grognement en repensant à ses actes. Comment était-ce possible que cette fille l'affecte de cette façon ? Arrachant son regard à ce visage angélique, il leva les yeux alors qu'un jeune homme criait à son intention. On aurait dit que les hommes qui la voulaient ne cessaient de se mettre en travers de sa route.

 

Des yeux d'or se fixèrent sur un regard améthyste et il perçu quelque chose d'étrangement familier.

— Ce n'est pas à toi de le décider, sorcier, menaça Kyou d'un ton grave, assassin.

à cet instant, il sut qu'Hyakuhei lui-même ne pourrait la lui prendre, elle était à lui. Ses bras se resserrèrent autour d'elle, il n'aimait pas l'amour pour la fille qu'il sentait monter dans la puissante aura de cet autre homme.

Prenant une résolution ferme comme l'acier de rejeter ses pensées vagabondes, Kyou gronda de nouveau, doucement. Il ne laisserait pas cette fille l'atteindre, mais... il n'était pas prêt à renoncer à elle tout de suite. Il avait bien trop de questions et elle allait y répondre, qu'elle le veuille ou non.

Certain d'être à nouveau pleinement sous contrôle, Kyou décida qu'il était temps de partir.

Shinbe était en chemin pour aller rejoindre Kyoko lorsque l'homme se déplaça. Se déplaça ? Ce n'était sans doute pas le terme approprié. Il scintilla et disparut, puis réapparut comme sorti de nulle part, juste devant lui, c'était plutôt ça.

— Putain de...

Shinbe s'immobilisa brutalement lorsqu'en levant les yeux il vit un visage qui avait la mort marquée sur toute sa surface.

Il écarquilla les yeux sous l'effet du choc, il eut la sensation que son Cœur venait de s'arrêter de battre. Aussi proche de lui... il pouvait clairement distinguer la peau blanche de l'homme presque comme de la porcelaine et il ressemblait trop à Toya pour qu'il s'agisse d'une plaisanterie.

Clignant des yeux, il aurait pu jurer avoir remarqué des canine protubérantes dans la bouche de l'homme et un grognement d'avertissement semblait en provenir.

Shinbe demeura planté là alors que l'homme poussait son torse d'un seul doigt. La prochaine chose dont Shinbe eut conscience, c'était d'être sur le cul au milieu de la pièce. Clignant à nouveau des yeux, il demeura assis dans la confusion alors que l'homme à la chevelure d'argent habillé de noir l'enjamba tout simplement, puis, disparut soudain.

Suki atteignit la salle juste à temps pour voir Shinbe toucher le sol brutalement et un grand homme à la chevelure argentée en train de disparaître avec Kyoko. Elle cligna une fois des yeux et ils étaient partis... Là une seconde et disparus la suivante.

Shinbe, qui avait l'air d'être dans la quatrième dimension, resta assis là un instant de plus, en train de cligné des yeux, confus.

— Putain de merde ?!

Courant vers Shinbe, Suki tenta de l'aider à se relever, les mains tremblantes.

— Qui était cet homme qui a disparu avec Kyoko ?

Elle regarda Shinbe d'un air inquiet alors qu'ils se retournaient tous deux et se précipitaient à l'extérieur pour les retrouver.

Avait-il tout simplement disparu ?

Ils quittèrent l'immeuble et cherchèrent autour d'eux, frénétiquement sans trouver traces de l'homme ou de Kyoko ou que ce soit.

Se tournant vers Shinbe, Suki eut le regard qui scintilla. Elle eut l'impression d'être sur le point de pleurer.

— Où sont-ils allés ? Cet homme a kidnappé Kyoko !

Elle tremblait de peur. Ce qui avait commencé comme une soirée d'amusement entre filles avait viré au cauchemar.

— Calme-toi, Suki. Nous allons la retrouver. Toya est ici également.

Shinbe chercha avec anxiété autour de lui son ami disparu.

— Je croyais qu'il était juste derrière moi !

l’inquiétude vira rapidement à la colère à présent que le fait que Suki soit en sécurité à ses côtés était indiscutable. Une ombre pitoyable passa dans son regard perdu alors qu'il se perdait dans le passé.

— Et à quoi diable pensiez-vous ? Il aurait pu vous arriver quelque chose et je n'aurais pas su ou vous vous trouviez !

Il l'attrapa sauvagement par les bras alors que son regard améthyste s'assombrissait de manière possessive.

Les lèvres de Suki s'amincirent en réaction à sa colère. Quel était son problème ? Ce n'était pas comme si elle n'était jamais sortie avec ses amis. Son regard se fixa sur le sien alors que sa propre colère commençait à monter.

— Que veux-tu hmmmf ?

Ses paroles furent interrompues alors que les lèvres de Shinbe se fracassaient contre les siennes dans un baiser brûlant et déchirant. Shinbe avait été tellement inquiet pour elle qu'il ne pouvait pas arrêter les sentiments qui s'étaient précipités. Il voulait s'assurer qu'elle pouvait ressentir toutes les émotions qui parcouraient ses veines sur-le-champ. Il la serra fort dans ses bras, se jurant qu'elle n'allait plus jamais quitter sa champ de vision.

Suki gémit doucement à l'intensité du baiser de Shinbe. C'était comme s'il lui découvrait chaque émotion brute de son âme. Elle pouvait pratiquement les sentir du bout de ses doigts alors qu'elle agrippait ses épaules. Sachant que si elle lâchait, elle ne pourrait pas se tenir debout, vu que ses jambes venaient de se transformer en gelée, elle s'accrocha à lui comme si sa vie en dépendait.

Son esprit se trouva vide pendant un moment et elle oublia qu'elle était en colère contre lui ou que Kyoko venait de disparaître. Tout ce qu'elle pouvait ressentir était Shinbe et un amour qui leur survivrait sans aucun doute.

Doucement, il relâcha sa prise, mettant fin à leur baiser en frottant son nez contre le sien. Ses yeux se remplissaient de soulagement, mais étaient toujours sombres de désir. Secouant légèrement la tête, il essaya de se concentrer sur la situation actuelle et pour une fois, son esprit lubrique ne s'égara pas à la sensation du corps doux de Suki dans ses bras… après tout, elle avait été là pendant plusieurs vies.

— Il y a des évènements qui se sont produits et tu dois le savoir. Ce n'était pas sans danger pour Kyoko et toi de sortir seules ce soir. Je vais tout t'expliquer pendant que nous cherchons Toya. Je pense que Kotaro est ici quelque part aussi.

Shinbe enroula un bras protecteur autour d'elle alors qu'ils se dirigeaient vers le parking pour trouver Toya.

Suki fut trop abasourdie pendant un certain temps pour faire autre chose que hocher la tête.