La Rage Des Coeurs

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– Toya, s’il te plaît, arrête tout de suite. Rappelle-toi… Kyoko est envoûtée et elle ne sait pas ce qu’elle fait. Toya ! héla Shinbe, en espérant qu’il n’était pas trop tard.

Il recula précipitamment lorsque la tête de Toya se redressa brusquement. Les yeux de Toya étaient devenus argenté puis teintés de rouge lorsqu’il s’était mis à grogner, un avertissement pour qu’ils reculent.

Shinbe fit un pas pour se placer devant Suki dans un geste protecteur.

– Ce n’est pas Toya, grinça-t-il en serrant son bâton si fort que ses phalanges devinrent blêmes.

Il avait besoin de trouver un moyen de ramener Toya à la réalité avant que les choses n’aillent trop loin.

– Je ne crains pas la part démoniaque de Toya, Kamui fronça les sourcils et avança vers eux avec la ferme intention d’arracher Kyoko à son frère. Il fut stoppé net lorsque Suki lui attrapa un bras et Shinbe, l’autre.

– Non, Kamui ! s’écrièrent-ils à l'unisson.

Le cœur de Suki battait rapidement à cause de la crainte concernant ses deux amis.

– Maudit soient Hyakuhei et ses sortilèges !

Elle tenta à nouveau de lui faire comprendre.

– Toya, elle te détestera si tu la prends alors qu’elle ignore ce qu’elle est en train de faire. Je t’en prie, essaye de reprendre le contrôle.

Son ton se durcit.

– Tu dois la lâcher.

Le regard enragé de Toya se tourna vers Suki comme ses paroles l’atteignaient à travers la brume de désir et pénétraient dans son subconscient. La dangereuse couleur s’effaça de ses yeux qui redevinrent comme de l’or liquide. Avec réticence, il tourna à nouveau son attention vers Kyoko, le cœur brisé. Il avait failli perdre à nouveau le contrôle lorsqu’elle s’était assise en frottant plus fort la chaleur insoutenable contre sa statuesque érection.

Les yeux de Kyoko étaient comme recouverts d’un voile de passion sans chaînes et il pouvait respirer l’odeur de son désir. Le regard de Toya s’adoucit car il comprenait. Elle attendait qu’il lui fasse l’amour. Elle le voulait autant qu’il la voulait. C’était tout ce qu’il pouvait faire pour ne pas se saisir d’elle et l’emporter. Mais avec toute la volonté qui lui restait, il comprenait la vérité des paroles de Suki. Kyoko le détesterait. Il l’avait déjà embrassée contre son gré, et à présent, ceci ?

Toya la repoussa délicatement en la faisant descendre de ses cuisses et se mit debout; fermant les yeux pour ne pas voir le regard de femme rejetée qu’elle lui adressait à cet instant. Kyoko ne comprenait pas pourquoi il la quittait. Elle tendit la main pour attraper son tee-shirt, elle voulait qu’il reste. Elle avait l’impression que son monde allait s’écrouler si il s’en allait.

– Toya, je t’en prie, je t’aime.

Ses yeux s’embuèrent lorsqu’elle tenta de le forcer à la regarder. Elle murmura d’une voix imprégnée de confusion,

– Ne me quitte pas.

Toya s’était figé sur place, incapable de s’arracher à sa main. Il tenta de se rappeler qu’elle aurait dit ces même paroles à Hyakuhei si il n’avait brisé la barrière avant qu’elle ne disparaisse dans ce trou noir. Ses griffes creusèrent des sillons sanglants dans ses propres paumes et il tenta de se concentrer sur la douleur pour stabiliser sa volonté. Suki arriva derrière Kyoko et se mit à la tenir, regardant Toya.

– Peut-être devrais-tu t’en aller pendant un moment jusqu’à ce que l'envoûtement soit levé et que vous soyez tous deux à nouveau maîtres de vous-mêmes.

Elle fit un signe de tête en direction des arbres, espérant que pour une fois, il l’écouterait.

Toya baissa la tête… sa sombre chevelure cachant à peine le désir dans son regard aux yeux de ceux qui regardaient. Mon Dieu, il voulait la faire sienne, la marquer ici et maintenant…

Mais Suki avait raison, Kyoko n’était pas elle même, là, tout de suite. Elle ne pourrait que le détester plus tard et ce n’était pas ce qu’il souhaitait. Il serra les dents pour mieux se contenir. Si il devait jamais posséder Kyoko, il ne ferait pas machine arrière. Elle serait à lui… pour la vie.

Suki sursauta en voyant l’expression sur le visage de Toya lorsqu’il finit par relever la tête pour regarder Kyoko. C’était une expression de profonde compréhension avec une trace d’appétit contrôlé… l’argent de ses yeux était assorti aux mèches argentées de sa chevelure ébène.

Il fit un pas en avant, il n’avait d’yeux que pour Kyoko comme il se penchait, l’embrassant tendrement sur les lèvres avant de murmurer ces paroles,

– Je suis désolé.

tout contre elles.

Puis, avec tout le self-control dont il était capable, il se détourna d’elle et disparut dans la forêt.

Suki poussa un soupir alors que Kyoko se mettait à pleurer. Son petit corps tremblait alors qu’elle gémissait. Elle plaça la main sur l’épaule de Kyoko et regarda Shinbe, ne sachant pas quoi faire. Sa propre lèvre inférieure trembla lorsqu’elle remarque que Shinbe leur donnait le dos et que ses épaules semblaient tendues.

Kamui était également devenu très silencieux, il ne trouvait plus ça drôle. Il y avait bien trop de vérité sous la surface de cette situation et cela lui brisait le cœur.

*****

Kyou inspira l’air qui seulement un instant auparavant portait encore la puanteur du rejeton de son ennemi. L’odeur avait rapidement changé alors que le soleil revenait et il pouvait sentir la prêtresse. Son parfum avait flotté jusqu’à lui, porté par la brise mais il pouvait également détecter l’odeur distincte de ses peurs. En suivant l’odeur aigre-douce, il se mit à la chercher. Il ne souhaitait pas que qui que ce soit la bouleverse et il ne savait pourquoi, l’idée qu’elle puisse être en train de pleurer fit resurgir sa colère. Qu’avait-il bien pu lui arriver pour que les larmes naissent dans ses yeux d’émeraude ? Son visage calme ne montrait aucune émotion mais son instinct protecteur avait refait surface alors qu’il volait en direction de l’odeur émise par Kyoko.

Toya n’était pas arrivé loin lorsqu’il sentit quelqu’un qui approchait. Il émit un grincement de colère… son sentiment de malaise augmentait.

L’odeur de Kyoko semblait peu à peu se rapprocher. Il était résolu et calme alors qu’il passait au dessus de lui, se déplaçant en direction de Kyoko.

Avec un grondement, Toya fit demi-tour et se rua vers le lieu ou il avait laissé Kyoko et les autres.

En l’espace de quelques secondes, Kyou était arrivé et il regardait le groupe depuis des hauteurs masquant sa présence. La femme-enfant était à genoux en train de pleurer alors que la tueuse de démons posait la main sur son épaule pour tenter de la réconforter. Shinbe et Kamui semblaient calmes et demeuraient immobiles, se contentant de les surveiller à distance.

Il pouvait sentir l’odeur persistante de Toya mais il ne le voyait nulle part. Il pouvait également sentir l’odeur du désir de Toya encore ancré lourdement dans l’air.

Sûrement, son imbécile de frère n’avait pas tenté de faire du mal à la fille. Kyou souhaita en silence que Kyoko lève les yeux vers lui, projetant la pensée vers son esprit alors qu’il la regardait calmement, ne laissant paraître aucune émotion. Son cœur se mit à battre plus vite lorsqu’elle leva vers lui son visage baigné de larmes.

Kyou regarda froidement ceux qui se tenaient auprès d’elle. Tous les regards se tournèrent vers lui alors que sa voix descendait des airs.

– Qui a donc osé faire du mal à cette fille ?

Sa voix calme dissimulait la nature du danger auquel ils étaient exposés… car peu importe qui lui avait fait du mal, il lui faudrait payer.

Chapitre 4
«Sentiments Dangereux»

Kyoko leva les yeux en entendant la voix dans sa tête lui disant doucement de le faire. La lumière était reflétée dans ses yeux comme des diamants étincelants au moment où elle regarda Kyou flotter au dessus d’elle et elle lui fit un sourire plein de chaleur.

Suki se raidit en entendant la fatale question de Kyou et lui lança un regard furibard. Elle secoua la tête,

– Celui qui lui a fait du mal n’est aucun des gardiens. C’était ton oncle Hyakuhei. Il a fait en sorte qu’un sort lui soit jeté.

Suki redressa les épaules, fâchée contre lui qui osait les accuser de faire du mal à Kyoko.

– Nous avons tué le démon qui a jeté le sort afin que Kyoko puisse redevenir elle-même dans environs deux heures.

Elle se plaça devant Kyoko, tentant d’empêcher Kyou de voir son amie. Après que Kyoko lui ai raconté un peu plus tôt que Kyou l’avait embrassée… Et bien, elle ne voulait pas que Kyoko aille se faire des idées, là, tout de suite. Si elle devait en arriver là, elle laisserait Shinbe l’embrasser d’abord si c’était nécessaire, alors elle fit barrage et croisa les bras sur sa poitrine comme pour monter la garde.

Kyou eut un sourire glacial pour Suki mais son regard se fit plus perçant, ce qui envoya un avertissement dans le cœur de Shinbe. Il se déplaça pour aller se dresser à côté de Suki, augmentant l’efficacité du barrage empêchant son puissant frère de voir Kyoko, mais également dans le but de détourner son attention de Suki vers lui.

Kamui se tint en silence derrière eux tous et commença à se déplacer pour aller les rejoindre mais Kaen, comme sorti de nulle part, se plaça devant lui comme un avertissement. Il fixa les flammes bondissantes avant de tourner son regard furieux vers le plus âgé de ses frères.

Kyou était secrètement impressionné par le courage dont ils faisaient preuve face à lui… même si ça ne devait leur servir à rien. Une fois de plus, il ordonna à la prêtresse de le regarder.

Kyoko se leva et contourna ses deux protecteurs volontaires afin de pouvoir voir Kyou. Suki attrapa son bras pour tenter de l’arrêter mais laissa retomber sa main lorsqu’elle entendit le grondement d’avertissement de Kyou. Kyoko regardait Kyou avec affection. À ses yeux, il était comme la plus angélique des créatures qu’elle ait jamais vue, flottant là avec sa chemise blanche soyeuse voletant autour de lui. Sa chevelure platine tournoyant dans le vent, donnant un air de sensualité à sa beauté sans égale. Et ses yeux d’or… mon Dieu, qu’elle l’aimait.

 

Et ce fut ce que Kyou vit et entendit à travers ses pensées… de l’amour… et elle le lui offrait directement. Sa respiration sifflait alors qu’il inspirait, la regardant avec intensité, son regard s’assombrissant de désir.

– Elle veut venir à moi, laissez-la.

Kyou baissa les yeux vers Suki et Shinbe calmement. Le ton de sa voix était suffisant pour qu’ils comprennent qu’ils étaient en terrain délicat alors que son regard se détournait pour se poser sur la prêtresse qui le regardait avec adoration. Elle tendit les bras vers lui comme pour l’inviter à venir la prendre. Dans son esprit, endroit où seul Kyou pouvait l’entendre, elle murmura son nom comme par manque.

Suki et Shinbe bondirent avant que le Seigneur gardien ne puisse le faire. Ils attrapèrent chacun un bras et le firent redescendre le long de son corps. Kyoko se retourna et les regarda tous les deux. Toujours avec une expression submergée d’amour comme le voulait le sort.

Kyou fronça les sourcils et les regarda plus intensément.

– De quel genre de sortilège est-elle prisonnière ? demanda-t-il d’une voix sévère.

Shinbe le regarda méchamment.

– Un Tenshi l’a embrassée juste avant que nous ne le détruisions.

Il savait qu’il n’avait pas besoin d’en dire plus, car Kyou avait une connaissance bien plus approfondie concernant les démons et sortilèges qu’eux tous réunis. L’ombre d’un sourire murmura sur les lèvres de Kyou qui comprenait désormais.

– Lâchez-la, ordonna-t-il d’un ton menaçant alors qu’il descendait plus près d’elle.

Kyoko regarda Kyou approcher avec un sourire amoureux qui aurait fait fondre le cœur de la plus mauvaise des créatures démoniaques. Suki et Shinbe lâchèrent les mains de Kyoko et firent un pas en arrière, conscient de ne rien pouvoir contre lui. Il était bien trop puissant.

Ils regardèrent horrifiés alors qu’il glissait la main derrière Kyoko et plaquait son corps contre le sien, s’élevant avec elle dans les airs où ils se mirent à flotter.

Pendant un instant, elle eut conscience de la force dans la cuisse qui écartait ses jambes, ressentant la chaleur de sa peau à travers ses habits de soie. Kyoko l’enveloppa de ses bras, pressant son corps un peu plus fort contre le sien, elle aimait la sensation de sa jambe puissante entre les siennes.

Kyou regarda ses lèvres s’écarter alors qu’elle se collait à lui. Il y avait une autre façon de décrire ce sort démoniaque, et il était certain que Shinbe le savait. Le sort l’avait mise en chaleur. Il répondit par une étreinte en l’entendant soupirer et il ressentit une secousse, comme un éclair incandescent traversant le milieu de son corps alors qu’il la regardait émerveillé. Personne ne l’avait jamais affecté ainsi… personne ne le ferait jamais. Il ne le permettrait jamais. Il toucha son visage fiévreux alors qu’elle se frottait contre lui, en quête de plus. Il était conscient qu’elle ignorait ce qu’elle faisait, car il connaissait la nature du sortilège qui l’affectait et qu’elle était innocente. Innocente ou non, sa passion deviendrait une force une fois libérée.

Kyou savait qu’elle se rappellerait de tout ce qui était arrivé une fois le sort brisé alors il frotta sa cuisse contre elle, lui faisant ressentir la pression qu’elle recherchait. Il plaqua ses lèvres affamées contre les siennes dans un baiser mordant et exigeant. Il allait l’enflammer de désir… un désir qui survivrait au sortilège.

Il sentit la petite main glisser dans sa chevelure, les doigts accrochés à lui. Les sensations que cela lui procura manquèrent de lui faire perdre le contrôle alors qu’il dévorait sa bouche et se balançait contre elle… lui faisant connaître le rythme auquel il la soumettrait un jour… Luttant pour regagner le contrôle, il se força à se rappeler qu’il ne voulait pas la prendre ainsi. Pas avec l’interférence du sortilège.

Les autres furent pris d’un grand sursaut lorsque Toya bondit hors de la forêt et atterrit juste sous Kyou et Kyoko. Ses yeux étaient désormais rouge sang de colère alors qu’il voyait Kyou embrasser passionnément la fille qu’il aimait plus que la vie elle-même. Et cela le démangeait de le tuer pour ça.

– Kyou ! Lâche Kyoko ! gronda Toya qui sentait son sang démoniaque remonter dangereusement à la surface.

– Maintenant !

Kyou interrompit le baiser et son regard d’or tomba sur Toya avec peu d’empathie.

– Vous êtes ceux qui avez laissé ceci lui arriver… n’est-ce pas ?

Il se retourna à nouveau vers la fille, ses yeux le considéraient avec désir et ses lèvres étaient gonflées par les baisers. Ce n’était ni le moment, ni le lieu. Il pouvait sentir que le sortilège était en train de s’estomper et il savait qu’il n’y avait désormais plus aucun danger à la laisser avec les autres.

Kyoko leva les sourcils face aux émotions indécryptables reflétées dans ses yeux dorés. Elle leva une main pour toucher doucement ses lèvres, elle se rappelait le baiser. Il balaya le bout de ses doigts de ses lèvres, puis il murmura dans un souffle chaud qui la fit frissonner, au creux de l’oreille,

– Bientôt, Kyoko. Nous finirons ce que nous avons commencé. Je serais en toi.

Il la laissa plantée là, qui le regardait alors qu’il scintillait avant de disparaître. Kyoko sentit quelqu’un arriver derrière elle et elle tenta de s’arracher à l’étreinte. Tournant la tête pour regarder, elle vit qu’il s’agissait de Toya. Il la tenait avec possessivité et elle s’appuya contre lui tout en continuant à regarder le ciel là où Kyou s’était évanoui.

– Kyou, chuchota-t-elle avec regret.

Elle sentit le corps de Toya tendu contre le sien et elle ferma les yeux dans une grande confusion. Sa poitrine était douloureuse. Plaçant la main sur le cœur, elle se sentit tomber et accueillit cela comme un soulagement face à la douleur lorsque son monde devint noir.

Toya sentit Kyoko se ramollir contre lui mais il resserra son étreinte, mécontent d’avoir assisté à ce qu’il venait de voir. Puis, elle s’écroula dans ses bras. Il la rattrapa, la portant telle une mariée, il la ramena vers les autres.

– Tenez, prenez-la.

Sa voix rauque tremblait d’émotions lorsqu’il la confia à Shinbe, qui entrepris alors de l’étendre sur une couverture que Kamui avait étendue pour elle.

Shinbe se retourna afin de voir que Toya leur tournait désormais le dos. C’était en quelques sortes humiliant de voir son frère montrer son véritable cœur pour la première fois. Toya soupira avec ce sentiment déprimant qui lui retournait l’estomac.

– Shinbe, se souviendra-t-elle de quoi que ce soit ?

Il se tourna aux trois-quarts pour regarder Shinbe par dessus son épaule puis tressaillit lorsque son frère hocha la tête après une hésitation. Shinbe savait parfaitement que ce n’était pas ce que Toya avait espéré entendre mais il fallait le préparer à la réalité.

– Tout, elle se souviendra de tout.

Il eut de la peine pour Toya en voyant les épaules de son frère s'affaisser en signe de défaite.

– Que comptes-tu faire ? demanda Shinbe, sachant que Kyoko ne serait pas contente en apprenant ce qui s’était passé.

Il n’aurait vraiment pas aimé être dans la peau de Toya lorsque Kyoko finirait par comprendre ce qui avait failli arriver. Shinbe toucha sa joue toute douce, se demandant secrètement ce que cela ferait de l’embrasser comme ça. Son regard améthyste s’adoucit. Même lui, était secrètement amoureux d’elle… mais hélas, cela n’était pas écrit.

Toya n’avait pas la moindre idée de ce qu’il allait bien pouvoir faire mais se cacher n’était pas une option. Il s’assit auprès de Kyoko, lançant à Shinbe un regard en guise d’avertissement qui le poussa à rapidement retirer la main intruse de sa joue. C’était déjà bien assez mal qu’il se sente sur le point de sursauter sans arrêt, assis là… en attendant qu’elle se réveille. Ses doigts se mirent à tressauter…

– Shinbe dans combien de temps va-t-elle se réveiller ?

Shinbe leva un sourcil en se déplaçant pour aller s’asseoir entre Suki et Kamui.

– Pourquoi ne la réveilles-tu donc pas maintenant. C’est uniquement ça qu’il faudrait.

Avant d’y avoir réfléchit, Toya se pencha et secoua doucement son épaule.

–Kyoko, murmura-t-il, puis il ôta rapidement sa main lorsque ses sombres cils se mirent à s’agiter.

– Tu te sens mieux maintenant ? demanda-t-il calmement.

Elle ouvrit grand les yeux alors que Toya retenait son souffle.

– Je vais bien, murmura Kyoko.

Elle grimaça ensuite car c'était ce qu'elle avait dit la dernière fois qu'elle s'était réveillée. Là aussi, cela avait été un mensonge. Se refusant à regarder Toya, son regard passa de Suki à Shinbe et elle sentit son visage changer rapidement de couleur. Elle eut l'impression qu'elle allait mourir tant elle était mortifiée. Kyoko referma rapidement les yeux et ramena les genoux près de sa poitrine, les enveloppant de ses bras, et elle dissimula son visage.

– Je suis désolée, les gars, je suis vraiment désolée, marmonna-t-elle sans relever la tête.

Toya se rapprocha, posant la main sur son épaule pour la réconforter. Lorsqu'elle tressaillit, il l'enleva rapidement, la laissant retomber le long de son corps, le poing serré. La douleur du rejet éclata dans ses yeux dorés alors qu'il regardait vers les autres.

– ça va, Kyoko. Rien de tout ceci n'était de ta faute. C'était celle d'Hyakuhei. Cet enfoiré.

Ces paroles furent murmurées dans le calme mais c'était le calme précédent la tempête et ce fut clair pour tous. Toya se leva et baissa les yeux vers le rideau de cheveux qui la dissimulait à lui. Sans un mot de plus, il se détourna une fois de plus et se dirigea vers le dense feuillage de la forêt.

Kyoko aurait voulu qu'un trou apparaisse afin qu'elle puisse s'y laisser tomber, qu'elle y reste afin que personne ne la trouve plus jamais. Comment allait-elle pouvoir leur faire face à présent ? Puis, elle s'écria à haute voix :

– Oh mon Dieu, je veux rentrer chez moi.

Suki se leva, elle voulait apaiser la souffrance de son amie.

– Kaen et moi pouvons te ramener à la statue de la jeune fille, si c'est là ce que tu souhaites.

Suki se rapprocha d'elle alors que Kaen sortait de l'ombre ayant déjà repris sa forme de dragon. Elle monta dessus et tendit la main vers Kyoko.

– Allons-y.

Kyoko se leva lentement, incapable de regarder quiconque et murmura d'un air coupable :

– Je reviendrais dans quelques jours.

Elle couru vers Kaen et ils s'envolèrent vers l'autel du cœur du temps et vers le chemin de la maison.

Toya pénétra à nouveau dans la clairière et regarda Kaen disparaître à l'horizon. Il ne voulait pas qu'elle rentre chez elle. Il sentit son cœur sombrer un peu. Et si elle ne revenait pas ?

Pivotant sur ses talons, Toya partit en courant, espérant arriver avant elle au portail du temps qui devait l'enlever à son monde à lui.

*****

Sur le chemin la ramenant à la statue de la jeune fille, Kyoko ne dit rien alors Suki tenta de lui tirer les vers du nez.

– Kyoko, à ta place je ne m’inquiéterai vraiment de rien. Nous savons tous que c'était le sortilège et non toi. Donc ce n'est vraiment pas aussi grave que tu le penses.

Suki se retourna pour la regarder, lui souriant. Kyoko fit un maigre effort pour lui rendre son sourire mais ne fit pas la conversation. Elle était trop occupée à souffrir mille morts chaque fois qu'elle repensait à ce qu'elle avait fait, en particulier à la façon dont elle avait embrassé Toya et Kyou.

Kyoko se recouvrit le visage de ses mains, souhaitant à nouveau pouvoir se cacher. Elle voulait seulement rentrer chez elle et ramper aussi loin que possible sous les couvertures et y rester pendant un moment.

Elle se rappela la sensation du baiser avec Kyou et soupira. Qu'est-ce qu'il doit penser ? elle ne pouvait blâmer ni l'un ni l'autre car elle s'était pratiquement jetée à leurs têtes. Elle fut également perplexe par rapport à la réaction de Toya. Il lui avait rendu son baiser… non… il avait fait plus que cela. Elle tressaillit en se rappelant la sensation de sa dureté sous elle.

Kyoko secoua la tête. Si elle devait en choisir un là tout de suite, elle aurait choisit Kotaro. Au moins, elle ne s'était pas jetée sur lui !

Pressant son front contre le dos de Suki, elle eut conscience d'avoir pris plaisir à se faire embrasser par Toya, et oui, par Kyou également. Mais qu'est-ce qu'ils devaient penser d'elle à présent. Kyoko baissa les yeux alors que le sol devenait flou sous eux. Cela faisait un moment qu'ils avaient pris leur envol et ils se rapprochaient du Cœur du Temps.

 

– Suki, peux tu me laisser ici ? J'aimerai faire le reste du chemin en marchant, seule.

Suki tapota Kaen et il descendit un peu plus avant de se poser. Kyoko se laissa glisser au sol et Suki fit de même.

– Es-tu certaine de ne pas vouloir que nous marchions avec toi ? demanda Suki, inquiète.

Kyoko secoua la tête puis fit un pas en avant et serra Suki dans ses bras.

– J'ai mon arbalète si quoi que ce soit arrive et ce n'est pas trop loin. Je reviendrais dans quelques jours. Dis-le aux autres de ma part. Je ramènerais quelque chose de bon à manger pour tout le monde.

Kyoko tenta de sourire mais le coin de ses lèvres refusait de coopérer alors elle laissa tomber. Se retournant, elle commença à marcher dans la direction qui menait à la statue de la jeune fille… et à la porte de sortie de ce monde. Elle se détendit quelque peu lorsqu'elle entendit Kaen reprendre son vol, la laissant à la solitude dont elle avait besoin. Plus Kyoko marchait, plus elle se sentait redevenir elle-même et au lieu d'avoir honte… elle commença à être furieuse. Furieuse, pas tant envers elle même qu'envers Toya et Kyou pour avoir profité d'elle alors qu'ils savaient tous deux qu'elle était sous l'emprise d'un sort.

– C'en est assez, la prochaine personne qui tente de m'embrasser va se faire frapper et j'en ai rien à foutre de savoir qui ce sera ! Je n'ai pas de petit-ami, et en ce moment, je n'en veut certainement pas !

Voilà, ayant dit cela à haute voix, elle se sentit bien mieux. Elle rentrerait chez elle et se détendrait pendant quelques jours et elle reviendrait comme neuve. Kyoko décida qu'elle serait heureuse de botter le derrière d'Hyakuhei d'un bout à l'autre de cette terre à son retour. C'était le moins qu'elle lui devait.

*****

Toya se posa dans la clairière, espérant rattraper Kyoko avant qu'elle ne retourne chez elle. Ses ailes argentées scintillèrent avant de disparaître sans laisser de trace. Son cœur commença à battre avec nervosité au moment ou il détecta son parfum qui se rapprochait. Planté là avec détermination, il la regarda pénétrer dans la clairière. Elle n'avait pas encore levé les yeux alors il se contenta de rester debout là… entre elle et son seul passage vers chez elle.

Kyoko avait déjà parcouru la presque totalité de la distance la séparant de lui avant de lever les yeux, s'arrêtant net en le voyant.

– Toya, parvint-elle à dire avant de baisser à nouveau les yeux.

Elle n'était pas d'humeur à lui parler pour l'instant. Pas avec ces étranges sentiments si vifs à son esprit. Ce sortilège l'avait mise en chaleur, à défaut d'une expression plus parlante, et même si le sort était levé, elle ressentait encore la chaleur. Merde; elle prend ça trop au sérieux. Il sut qu'il lui fallait faire quelque chose afin d'alléger la tension avant que ça ne lui explose en pleine figure.

– Écoute, Kyoko, tu n'es pas obligée d'aller à la maison tout de suite, pas alors que nous sommes si proches de retrouver Hyakuhei. Ne laisse pas une petite chose comme un baiser se mettre en travers de notre route.

Voilà, il l'avait dit. Ce n'était pas si grave et elle devrait juste reprendre la route à ses côtés… là ou était sa place. Ouais, ce serait pour le mieux. Il commença à s'agiter lorsqu'il remarqua qu'elle s était arrêtée juste devant lui. Kyoko avait entendu ses paroles. Ne laisse pas une petite chose comme un baiser se mettre en travers de notre route ? Elle gronda intérieurement. Alors pour lui ça n'avait aucune importance, c'était ça ? Il croyait qu'il pouvait faire ça n'importe quand et qu'elle n'était pas supposée y prêter une quelconque attention ? Ah ! Sa colère avait refait surface et à présent elle avait une cible vers laquelle elle pouvait la diriger.

– Toya, dit-elle de la voix la plus douce qu'il lui était possible de prendre.

– Oui, Kyoko ?

Toya devait se forcer pour ne pas faire un pas en arrière en dépit de son instinct lui indiquant qu'il fallait foutre le camp. Kyoko se pencha vers lui comme pour lui dire doucement quelque chose à l'oreille et il se pencha également pour mieux pouvoir l'entendre.

Kyoko sourit.

– NON !

Toya ne pouvait résister à l'attraction du sortilège de Soumission et son corps se fit plus lourd et il tomba au sol. Il tenta instantanément de se relever mais elle était debout là, étendant le sortilège jusqu'à ce qu'il ait l'impression d'être sur le point de se briser le dos en résistant.

– Pour l'amour de Dieu, je t'en prie, arrête ! hurla Toya.

Kyoko tapa du pied mais ne répéta pas la formule. Elle se mordait la langue pour s'empêcher de le faire. Puis elle lâcha tout, mais ce qui sortit de sa bouche ne fut pas le sortilège qui contraint. Ce fut la totalité des sentiments qu'elle ressentait à ce moment là.

– Comment as-tu pu, Toya ? Kyou, je peux encore comprendre qu'il m’ait embrassée ainsi, mais toi ? Tu étais supposé me protéger ! Cela implique mes sentiments également ! Tu n'aurais pas dû me faire ça ! Pas alors que tu savais que je ne pouvais pas résister ! La dernière chose que tu aurais dû faire c'est m'embrasser… comme ça !

Toya sentit l'emprise du sortilège se dissiper et il lutta pour se relever du sol.

– Kyoko, laisse moi t'expliquer.

– Non ! hurla Kyoko.

– Je peux régler ce problème. Je n'ai pas de petit-ami en ce monde et je n'en veux pas ! Si je devais avoir un petit-ami, ce serait quelqu'un de mon propre monde. Et ne me suis pas ! Je reviendrais dans quelques jours et lorsque je reviendrais, je ne veux entendre personne reparler de ceci ! C'est compris ? Ce n'est JAMAIS ARRIVÉ ! hurla-t-elle sur la fin au moment même où elle touchait les mains de la statue avant de disparaître.

Le temps que Toya se relève, il était en rage.

– Putain de merde ! Elle ne l'avait pas laissé en placer une.

Elle ne lui avait pas laissé l'opportunité de lui dire qu'il ne voulait pas qu'elle rentre chez elle ou qu'il voulait qu'elle soit sienne ou quoi que ce soit.

Alors, elle ne voulait pas un petit-ami dans ce monde.

Les sourcils de Toya se mirent à tressaillir.

– Qu'avait-elle voulu dire par là ? Elle ne voulait pas de petit-ami dans ce monde… qu'elle en trouverait un dans son propre monde ?

Il se retourna pour regarder la statue de la jeune fille, hurlant à pleins poumons :

–Tu voulais dire quoi par là, Kyoko ? Reviens ici tout de suite, merde !

Toya poussa un soupir, sachant qu'elle ne pouvait plus l'entendre là où elle se trouvait. Ça ne lui était jamais venu à l'esprit que quelqu'un de son monde puisse la faire sienne. Il eut froid dans le dos rien que d'y penser. Non, elle ne bluffait pas. Elle devait bluffer, et si ce n'était pas le cas, il savait comment résoudre le problème. Il suffirait qu'il se débarrasse du gars. Non, car alors Kyoko le haïrait à vie. Elle ne lui pardonnerait jamais si il faisait du mal à un humain.

– Un humain ne pourrait jamais te protéger, gronda Toya, frustré puis il ressentit une présence et regarda vers la statue de la jeune-fille. La forme calme de Kyou se matérialisa dans la clairière devant lui.

Merde ! Il ne manquait plus que ça, il en avait besoin autant que d'un trou dans la tête.

– La prêtresse t'a fui et est retournée dans son monde.

Dans son ton sans émotion il y avait plus une affirmation qu'une question.

– Ce n'est pas ton affaire Kyou, alors pourquoi ne pas aller embrasser une autre fille et laisser Kyoko tranquille.

Bien qu'ils soient frères, tous deux gardiens de Kyoko et du cristal du gardien, Toya ne lui faisait toujours pas confiance… surtout avec Kyoko.

– Kyoko est à moi, compris ? Laisse-la tranquille.

– Elle est à toi, dis-tu ? Le ton de Kyou était presque ennuyé.

– Elle est pure et n'a pas de partenaire. Elle n'est pas à toi.

Le vent commença à souffler dans la clairière et Kyou disparut avec lui, laissant Toya immobile alors qu'il observait l'une des plumes dorées de Kyou atterrir dans les mains tendues de la statue, puis disparaître.