Czytaj książkę: «Mémoires de Constant, premier valet de chambre de l'empereur, sur la vie privée de Napoléon, sa famille et sa cour», strona 45

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AVERTISSEMENT

DE L'ÉDITEUR

Le troisième volume des Mémoires de Constant a initié le lecteur aux délassemens et à la vie intérieure de Napoléon pendant la campagne de 1807. On y voit comment le grand-capitaine employait ses loisirs à Varsovie et à son quartier-général de Finkenstein; et certes l'intérêt ne manque pas à ce spectacle du vainqueur de Friedland conduisant à la fois ses plaisirs et ses travaux militaires, qui étaient sans doute aussi le plus vif de ses plaisirs. Toutefois M. Constant n'ayant pu avoir aucune prétention à raconter ces travaux, l'éditeur ne s'est point dissimulé ce qu'il y a, dans ce point de vue rétréci, d'incomplet, et par conséquent d'inexact.

Peindre César dameret n'est pas peindre César; c'est en exposer le côté faible et défectueux au jour le moins favorable. Ce n'est pas que, même en ne la considérant que de ce côté, la vie de Napoléon ne soit encore susceptible d'un vif intérêt; mais il y aurait peut-être à ne la montrer que sous cet aspect quelque chose comme de l'injustice.

L'éditeur espère s'être d'avance mis à l'abri de ce reproche par la publication des pièces inédites suivantes, qu'il prend lui seul sous sa responsabilité, comme étant, ainsi qu'on le peut croire, tout-à-fait étrangères à M. Constant. On ne trouvera ici que celles qui se rapportent à la campagne de 1807; l'éditeur en possède de non moins curieuses sur les campagnes des années ultérieures.

Tandis que dans le Nord Napoléon combattait les Russes en personne, le maréchal Marmont, alors général, commandait contre eux l'armée de Dalmatie, et, avec six mille Français, culbutait à Castel-Novo dix-sept mille Russes et Monténégrins. Le premier des documens suivans est un rapport fait au nom du général en chef de cette brave armée. Les autres sont des dépêches ou des ordres expédiés par l'empereur de son quartier-général à Finkenstein, avant, pendant et après la bataille de Friedland. Il suffit sans doute d'avoir dit en deux mots quelles sont ces pièces officielles; et l'éditeur n'insistera pas davantage sur l'intérêt qu'elles devront offrir, et aux militaires, et même à toutes les classes de lecteurs.

ARMÉE

DE DALMATIE
À S. A. S. LE PRINCE MINISTRE DE LA GUERRE

Le général de brigade Launay était encore le 5 du courant avec ses deux bataillons et deux pièces de canon sur les bords de la Trebinschiza, attendant le rassemblement des Turcs de Mostar, Uthovo et Stolatz; les commandans turcs annonçaient leur prochain départ, mais ne l'avaient pas encore effectué, attendant la nouvelle lune, moins défavorable, disaient-ils, aux combats que la précédente. Les Turcs de Nixichy, plus pressés par la nécessité de se défendre, n'ont pas attendu ce renouvellement de lune pour combattre les Russes et les Monténégrins qui les tenaient assiégés; ils ont fait une sortie générale qui a surpris les ennemis et les a séparés. Il est probable que les Russes se sont repliés sur Castel-novo; ils avaient à Nixichy huit cents hommes avec deux pièces de canon, 33et les Monténégrins de trois à quatre mille hommes; leur évêque y était en personne. Clobuck a été aussi débloqué, et les Turcs de ces contrées ont enlevé quatre mille têtes, soit des Monténégrins, soit des Morlaques rebelles. Par suite de cette affaire, un grand nombre de têtes de Monténégrins ont été envoyées au pacha de Bosnie, parmi lesquelles il y a celles de trois des principaux comtes de Montenero.

Nous serons incessamment informés si les Russes sont tous rentrés dans les bouches, ou tiennent encore la montagne; leur nombre est toujours de deux mille cinq cents environ.

Les Turcs ont besoin de l'impulsion que nous leur donnons pour lever des masses imposantes, et sous ce rapport, le petit corps qui est disposé pour agir de concert avec eux, ne peut que produire un résultat avantageux, et cette circonstance déterminera peut-être aussi le pacha de Scutari à attaquer de son côté.

Le colonel Sorbier, aide de camp de S. A. I. le prince vice-roi, se rendant à Constantinople, a été reçu à son passage à Traunick avec solennité, par le visir de Bosnie; après avoir prié cet officier d'accepter un beau cheval, et avoir reçu de lui une médaille en argent de la bataille d'Iéna, ce visir lui a dit d'une manière très-gracieuse: «Les Turcs n'aiment pas les images, mais pour celle-ci je la place sur mon cœur.»

Le motif de ce pacha pour retarder de quelques jours le départ des canonniers destinés pour Constantinople, consiste dans l'obligation où il croit être de recevoir de nouveaux ordres du grand-visir, ceux qui lui sont parvenus étant en opposition aux ordres que Votre Altesse a transmis au général en chef Marmont, et que ce dernier tient à exécuter à la lettre; au surplus le pacha de Bosnie persiste dans son opinion que le détachement de canonniers ne doit se mettre en marche que par dix hommes, quel que soit son nombre, et il répond aux observations contraires qui lui ont été faites, qu'il connaît mieux que le général en chef et que l'empereur lui-même les pays que cette troupe doit traverser; qu'il répond de sa province, mais qu'il n'est pas en son pouvoir ni au pouvoir du pacha de Roumélie de la garantir dans certains pays où commandent de petits pachas ou des beys presque indépendans, dont il connaît l'ignorance, la barbarie, et même les mauvaises intentions. «En vain, ajoute-t-il, on ferait marcher un officier deux jours en avant pour annoncer le passage de cette troupe; en vain cet officier aurait de moi le bouyourdi le plus clair et le plus amical; que voulez-vous que fassent pour moi des gens qui méprisent les firmans du grand-seigneur lui-même? Ils les baisent avec respect, les déchirent et y désobéissent. Malgré toutes mes précautions et la bonne discipline de cette troupe, elle pourrait être attaquée, et s'il périssait seulement deux Français, il n'en faudrait pas davantage pour refroidir notre amitié, et pour me faire accuser, moi, d'en être la cause; c'est pour éviter ce malheur que le grand-visir m'avait ordonné de les faire voyager par petites troupes, et même habillés à la turque. Vous trouvez à cela des inconvéniens; eh bien, que le grand-visir m'autorise à les laisser passer tous à la fois et en habit français, j'y consentirai, non de bon cœur, car je craindrai toujours pour eux; mais j'y consentirai du moins sans avoir rien à me reprocher. Le général en chef Marmont a des ordres positifs, j'en ai comme lui, et nous ne sommes pas plus libres l'un que l'autre de les changer. Si le grand-visir accède aux désirs du général, il enverra sans doute jusqu'aux frontières de la Bosnie un détachement de son armée pour recevoir et protéger cette troupe, sans cela la Roumélie est pleine d'émissaires ennemis qui ne manqueraient pas de saisir cette occasion de nous nuire. Le sang de ces Français retomberait sur moi, si je n'insistais pas sur ces précautions qui me sont commandées, et dont je sens d'ailleurs la nécessité. En un mot, le grand-visir peut lui seul me dispenser d'exécuter ses premiers ordres; je ne veux point me rendre responsable d'un accident qui pourrait troubler la bonne harmonie entre les deux empires.»

Sur l'observation qui lui a été faite que le retard qu'occasionera la lettre qu'il a écrite au grand-visir peut avoir des inconvéniens:

«Ces inconvéniens seront toujours moindres que ceux que je veux prévenir, a répondu ce pacha. Au surplus, le Tartare que j'ai expédié ne mettra que sept jours pour aller jusqu'à Andrinople, et sept jours pour revenir; ainsi j'aurai une réponse dans quinze ou seize; et avant cette époque, tout sera disposé pour le passage de ce détachement, subsistances et moyens de transport.»

Le général en chef a répliqué aux observations du pacha de Bosnie, et lui a demandé de consentir à ce que le détachement de canonniers qui est rassemblé à Sigu s'achemine toujours sur la Bosnie, où il attendra, s'il le faut, la réponse du grand-visir pour passer outre, et il ne doute pas que le pacha n'y consente.

Le général de division chef de l'état-major général.

Signé Vignolle.

Finckenstein, le 6 juin 1807, quatre heures du soir.

À MONSIEUR LE MARÉCHAL DAVOUST

L'ennemi, monsieur le maréchal, continue à pousser le maréchal Ney, qui se retire aujourd'hui sur Deppen; lorsque le maréchal Ney sera obligé de quitter cette position, ce qui vraisemblablement sera au plus tard ce soir ou demain matin; il se portera vers Kl'-Luzeinen entre les lacs de Narienzel et de Mahrung, où il pourra tenir quelque temps. L'intention de l'empereur, monsieur le maréchal, est que vous vous portiez pour défendre le passage d'Alt-Ramten. Vous dirigerez vos blessés et tous vos embarras sur Marienwerder; quant à ce qui sera dirigé sur Thorn, vous aurez soin de faire suivre la route par Bishofswerder et non par Strasbourg.

Quand le maréchal Ney évacuera la position de Kl'-Luzeinen entre les lacs, il se portera sur la position en avant de Liebmühl; alors dans celle d'Osterode, vous serez près de lui.

En définitive, monsieur le maréchal, le projet de l'empereur est de se réunir à Saalfeld, et de prendre position entre les lacs de Roethlof, Bodilten, etc.; enfin, de livrer bataille sur Saalfeld y où S. M. se rendra ce soir, et où vous pourrez adresser vos lettres.

Dans la situation des choses, vous ne correspondez ni assez souvent ni assez en détail. Vous devez sentir assez combien les moindres circonstances sont importantes.

Faites attention, monsieur le maréchal, que vous êtes à Allenstein, plus loin d'Osterode que n'en est l'ennemi.

Pour les choses importantes, écrivez-moi en double à Saalfeld et à Mohrungen, où il est possible que l'empereur se rende cette nuit. La masse de vos forces doit être sur Osterode; vous pouvez donc évacuer Allenstein, qui n'est plus bon à rien. La division Grouchy et celle du général Milhaud se rendent à Gilgenbourg.

Comme à trois heures du matin, quand vous avez écrit à l'empereur, vous ne saviez pas que Guttstadt avait été évacué, S. M. pense que, quand vous en aurez été instruit, vous n'aurez pas fait votre mouvement sur Allenstein.

Prévenez le général Zayoushek qu'il doit se rendre doucement à Gilgenbourg.

Finckenstein, le 6 juin 1807, six heures et demie du soir.
ORDRE AU MARÉCHAL MORTIER

L'empereur, monsieur le maréchal, ordonne que vous continuiez votre route pour arriver le plus tôt possible à Saalfeld. L'ennemi est en plein mouvement, et s'avance sur nous. Le quartier-général de l'empereur sera ce soir à Saalfeld.

AU MARÉCHAL LANNES

Même ordre qu'au maréchal Mortier.

Finckenstein, le 6 juin 1807; six heures et demie du soir.
AU MARÉCHAL MASSÉNA

Vous avez été prévenu, monsieur le maréchal, que l'ennemi, à la pointe du jour, dans la journée du 5, avait attaqué la tête du pont de Spandeim, corps du prince de Ponte-Corvo. Le général de brigade Frère, avec sa seule brigade, a contenu l'ennemi constamment, et l'a repoussé quoiqu'il ait chargé cinq fois ses retranchemens avec des troupes fraîches. Un colonel russe a été fait prisonnier, et les fossés étaient remplis de morts.

Au même moment, l'ennemi attaquait le pont de Lomilten, corps du maréchal Soult; le général Ferey, avec sa seule brigade, en a repoussé l'ennemi, qui a essuyé une grande perte. Ces pertes sont d'autant plus fortes qu'il a eu l'imprudence de mettre beaucoup d'obstination dans ses attaques. Le poste d'Allkirck, en avant de Guttstadt, corps du maréchal Ney, a aussi été attaqué le 5, à quatre heures du matin. L'ennemi a été constamment repoussé jusqu'à onze heures; mais le maréchal Ney, ayant vu le déploiement de quarante à cinquante mille hommes, a, conformément à son instruction générale, fait son mouvement sur Deppen. Ce matin, il était en position au village de Ankendorff, et l'ennemi était en position en avant de Queetz. Dans cette situation des choses, S. M. a ordonné la réunion de son armée, et il est vraisemblable qu'une grande bataille va avoir lieu. L'empereur a donné des ordres au général Zayoushek, mais il n'en a point donné à la division Gazan, ni à la division de dragons du général Becker, ces deux divisions étant sous vos ordres.

S. M., monsieur le maréchal, ne peut rien vous prescrire; vous devez prendre conseil des circonstances, couvrir Varsovie, maintenir le plus possible les Cosaques éloignés du centre de la grande armée, et empêcher le corps qui vous est opposé de se dégarnir pour augmenter l'armée qui est devant nous.

Si vous n'y voyez pas d'inconvéniens, tenez le général Gazan en espèce de corps volant, qui pousserait de forts partis sur Ortelsbourg et Passenheim.

Faites reployer tous les embarras, les malades du général Gazan et les vôtres derrière la Vistule. Si l'ennemi vous attaquait, et que vous eussiez besoin du général Gazan pour couvrir Varsovie, nul doute que vous ne deviez le retirer sur vous. Si, au contraire, l'ennemi reste tranquille, plus le général Gazan poussera en avant pour observer l'ennemi, mieux cela vaudra.

Sa Majesté, M. le maréchal, s'en rapporte à votre zèle et au grand intérêt que vous prenez aux affaires, pour être assurée que vous ferez pour le mieux, et que vous empêcherez qu'un corps ennemi de peu d'importance n'agisse sur nos flancs. On doit croire que l'ennemi a trop à faire pour tenir un corps nombreux vis-à-vis du général Gazan. Il ne faut pas que ce général s'en laisse imposer par les bruits des paysans.

Il est nécessaire que le duplicata de vos nouvelles soit envoyé au général Lemarrois, afin qu'elles parviennent par la rive gauche, si elles étaient interceptées par la rive droite.

Donnez, suivant les circonstances, des ordres relatifs aux convois de Varsovie sur Osterode, afin qu'ils ne puissent tomber au pouvoir de l'ennemi.

Envoyez-moi tous les jours de vos nouvelles.

Le maréchal Bernadotte en reconnaissant l'ennemi a été frappé d'une balle morte au col; mais sa blessure est peu de chose. Je vous en parle, parce que les malveillans ne manqueront pas de dire qu'il est mort. Le général Dutaillis a eu le bras emporté d'un boulet.

Finckenstein, le 6 juin 1807, six heures et demie du soir.
À SON ALTESSE LE PRINCE DE PONTE-CORVO

Il est difficile de vous exprimer, prince, la peine que l'empereur et nous nous avons éprouvée de vous savoir blessé, surtout dans un moment où l'empereur a tant besoin de vos talens.

Si vous avez quitté le commandement de votre armée, vous ferez passer la lettre ci-jointe à celui à qui vous aurez confié ce commandement.

Finckenstein, le 6 juin 1807, six heures et demie du soir.
AU GÉNÉRAL COMMANDANT PROVISOIREMENT LE PREMIER CORPS

Tout porte à croire que d'ici à peu de jours nous aurons une grande bataille. L'empereur dans ce moment réunit toutes ses forces; il faut disposer la division du général Dupont de manière à ce qu'elle puisse promptement se reployer, soit sur Spandeim, soit sur Mulhausen, pour, suivant les circonstances, participer aux opérations. Si on évacue Braunsberg, il faut avoir soin de prévenir le commandant d'Elbing. Nous n'avons pas reçu aujourd'hui de nouvelles du premier corps, ni de celui du maréchal Soult; ce qui fait supposer qu'il n'y a rien de nouveau. Le maréchal Ney est sur Deppen, ayant devant lui les principales forces de l'armée. L'empereur sera cette nuit à Saalfeld, où commencent à se réunir la cavalerie et l'infanterie de la réserve. Peut-être dans la nuit Sa Majesté sera-t-elle à Mohrungen.

Finckenstein, le 6 juin 1807, huit heures du soir.
AU GÉNÉRAL COMMANDANT LE BLOCUS DE GRANDENTZ

Mettez-vous en mesure, général; l'ennemi est à la hauteur de Guttstadt et de Deppen, et longe l'Alle sans doute pour aller au secours de Grandentz. Il est possible que d'ici à deux ou trois jours il jette des partis de Cosaques jusque là; il faut donc former des colonnes de vos meilleures troupes pour prendre position sur les chemins qui peuvent aboutir à Grandentz. La moindre infanterie est suffisante pour en imposer à ces gens-là. Il est donc convenable de se tenir sur ses gardes. La grande armée est en mouvement pour tomber sur l'ennemi, le déborder, et le jeter sur la Vistule. Si jamais un corps plus fort tombait sur la division assiégeante, elle doit se retirer sur Marienbourg et sur Marienwerder. Mais cela n'est pas probable. Ne prenez pas l'alarme pour quelques Cosaques ou quelques piquets de cavalerie.

Mohrungen, le 7 juin 1807, six heures du soir.
À MONSIEUR LE MARÉCHAL DAVOUST

Je reçois, M. le maréchal, la lettre de M. le général Hervo, en date d'Osterode le 7 juin. Sa Majesté trouve la position de votre armée très-bonne; la division Friant à Alt-Ramten et Locken, celle du général Morand à Landgat, et enfin celle du général Gudin à Detternvald; à moins d'événemens extraordinaires, ces divisions peuvent rester dans leur position à attendre les ordres de l'empereur; de votre personne il n'y a aucun inconvénient à ce que vous soyez à Osterode, s'il y a un poste intermédiaire qui puisse vous porter rapidement les ordres de Sa Majesté. L'empereur pense que vous avez fait avancer vos divisions de dragons; donnez-moi trois fois par jour de vos nouvelles.

Au bivouac de Deppen, le 7 juin, onze heures du soir.
À MONSIEUR LE MARÉCHAL SOULT

Le quatrième corps fera demain, vers midi, une forte reconnaissance sur Arresdorf, Wollfdorf, pour interroger les habitans et les prisonniers que l'on fera. Si le maréchal Ney, à Deppen, était attaqué demain, le quatrième corps viendrait au secours du sixième corps en attaquant la droite de l'ennemi.

Au bivouac de Deppen, le 7 juin, onze heures du soir.
AU GÉNÉRAL VICTOR COMMANDANT LE PREMIER CORPS

Le premier corps fera un mouvement en avant de Spanden, pour connaître ce qu'est devenu le corps qui lui était opposé, et avoir des nouvelles de l'ennemi de ce côté; il fera faire également une reconnaissance par la division du général Dupont, qui occupe Braunsberg.

Au bivouac de Deppen, le 7 juin, onze heures du soir.
AU MARÉCHAL DAVOUST

Si le sixième corps était attaqué, demain 8, le maréchal Davoust ferait diversion en marchant sur la gauche de l'ennemi.

Au bivouac de Deppen, le 7 juin, onze heures du soir.
À SON ALTESSE IMPÉRIALE LE GRAND DUC DE BERG

La cavalerie de la division Grouchy se rendra à Deppen, sur la rive gauche de la Sauarge.

La division Milhaud sera aux ordres du maréchal Davoust, et employée à tenir libre la communication avec le sixième corps.

La division Latour-Maubourg sera mise sous les ordres du maréchal Soult.

Une brigade du général Lasalle sera envoyée sur la gauche du sixième corps et du quatrième, pour maintenir les communications avec la cavalerie légère du maréchal Soult.

Les divisions Saint-Sulpice et d'Espagne se rendront à Mohrungen dans l'emplacement où se trouve la division Lasalle aujourd'hui.

Toute la garde, à pied et à cheval, se rendra à ______. Le maréchal Lannes se portera en avant d'Hebendorf, sur le chemin de Deppen.

Le maréchal Mortier fera connaître l'heure de son arrivée à Mohrungen.

Les divisions Lasalle et Nansouty seront rendues à Deppen demain.

Au bivouac de Deppen, le 8 juin.

Ordre au général Zayouskek de se rendre à Osterode. Ordre au maréchal Davoust de s'approcher, pour soutenir le flanc du maréchal Ney.

Guttstadt, le 10 juin 1807, six heures du matin, porté par M. Charrier, officier du premier corps.
AU GÉNÉRAL VICTOR COMMANDANT LE PREMIER CORPS D'ARMÉE

Je vous préviens, général, que toute l'armée est réunie à Guttstadt; nous avons eu hier une belle journée, l'ennemi a toujours été mené battant. Nous lui ayons fait un millier de prisonniers. L'empereur ordonne, général, que vous attaquiez sur-le-champ l'ennemi, et que vous vous empariez de Melzach. Si l'ennemi veut ensuite filer sur Elbing, attaquez-le également, et tenez vous prêt soit à marcher sur la droite de l'ennemi, du côté de Dreweutz et de Landsberg, soit enfin à marcher droit sur Kœnigsberg. Faites bien reconnaître les forces que l'ennemi a laissées pour couvrir cette ville; attaquez l'ennemi le plus tôt possible, afin que vos opérations se suivent avec les nôtres.

Altkirch, le 10 juin, neuf heures du matin.
À MONSIEUR LE MARÉCHAL LANNES

L'empereur ordonne, monsieur le maréchal, que vous réunissiez tout votre corps d'armée dans sa position d'Alt-Guttstadt. Faites soutenir par votre cavalerie légère celle du général Duronel, qui pousse des partis sur Zichern. Le grand-duc de Berg est à Peterswald, et pousse beaucoup de cavalerie sur Freymark et Launau.

Le corps du maréchal Soult est en avant d'Altkirch et occupe Peterswald par une avant-garde.

Venez de votre personne à Altkirch, où est l'empereur. Faites faire là la soupe à votre troupe. L'empereur attend des nouvelles de l'ennemi, afin de savoir s'il fera quelque mouvement.

Altkirch, le 10 juin, dix heures du matin.

Il est ordonné à monsieur le maréchal Davoust de se rendre, avec son corps d'armée, à Altkirch; il fera prévenir le maréchal Mortier, qui est derrière lui, qu'il doit suivre son mouvement.

Heilsberg, le 12 juin 1807, onze heures et demie du matin.
À MONSIEUR LE MARÉCHAL NEY

L'empereur, monsieur le maréchal, ordonne que vous vous portiez aujourd'hui avec votre corps d'armée à Eichhorn, route d'Eylau; je vous préviens que la plus grande partie de la réserve de cavalerie, une partie de la réserve d'infanterie du maréchal Lannes et le quatrième corps se rendent à Eylau par Landsberg; ainsi vous êtes couvert sur votre gauche. Le quartier-général sera ce soir près d'Eylau.

Heilsberg, le 12 juin 1807, onze heures et demie du matin.
AU MARÉCHAL MORTIER

L'empereur ordonne, monsieur le maréchal, que vous vous rendiez aujourd'hui avec votre corps d'armée à Dixen près d'Eichhorn; envoyez-moi ce soir un officier.

Heilsberg, le 12 juin 1807, onze heures du matin.
AU GÉNÉRAL VICTOR

L'intention de l'empereur, général, est que vous partiez du point où vous recevrez cet ordre pour vous rendre le plus promptement possible à Landsberg; je vous dépêche un officier pas Mehlsack et un autre par Wormditt.

Heilsberg, le 12 juin 1807.
AU MARÉCHAL MASSÉNA

Nous avons eu, le 10 et le 11, monsieur le maréchal, deux belles journées. L'armée ennemie entière a été attaquée et obligée de se replier devant nous pendant ces deux journées.

Nous avons fait quelques milliers de prisonniers. Les Russes ont abandonné leur camp retranché de Heilsberg, où ils avaient fait beaucoup d'ouvrages.

Ils nous ont laissé dans la ville, des magasins; l'armée est ce soir à Eylau. L'empereur, monsieur le maréchal, désirerait que le général Gazan, avec la division de dragons, se rendît à Bischofstein, d'où elle serait en mesure de s'emparer de beaucoup de magasins qu'a l'ennemi sur la route de Rastenbourg; le général Gazan recevrait d'ailleurs de là des ordres ultérieurs pour sa destination; mais Sa Majesté, monsieur le maréchal, me charge de vous dire que ce mouvement, qui serait très-utile sur la droite de l'armée, est toutefois soumis à vos dispositions, et qu'il ne doit se faire que dans le cas où cela ne compromettrait pas Varsovie. Faites faire des réjouissances à votre corps d'armée sur les succès que nous avons obtenus le 10 et le 11.

Eylau, le 13 juillet 1807, huit heures du matin.
AU MARÉCHAL LANNES

L'intention de l'empereur, monsieur le maréchal, est que votre cavalerie légère se dirige sur Domnau passant par Lampasch; quant à votre corps d'armée, il prendra position en colonnes sur la route d'Eylau à Lampasch et se trouvera prêt à se porter partout où il sera nécessaire suivant les nouvelles qu'on recevra dans la journée. La troupe pourra faire la soupe. Envoyez-moi un officier quand vous serez en position, ainsi que les rapports de votre cavalerie légère.

AU MARÉCHAL NEY

L'empereur ordonne, monsieur le maréchal que vous preniez position au village de Schmoditten; j'envoie un officier d'état-major à la rencontre de votre corps d'armée pour faire prendre cette direction à la tête de votre colonne.

Il est ordonné au général Grouchy de partir de la position qu'il occupe pour se rendre avec sa division à Domnau aux ordres du maréchal Lannes.

AU MARÉCHAL MORTIER

L'intention de l'empereur, monsieur le maréchal, est que vous fassiez continuer toute votre cavalerie ce soir jusqu'à Domnau, afin de secourir celle du maréchal Lannes.

Vous-même, avec votre corps d'armée, prenez position en avant de Lampasch, et envoyez un officier auprès du maréchal Lannes afin de concerter vos opérations avec ce maréchal, et le mouvement que vos troupes doivent faire demain matin pour soutenir ce corps d'armée.

AU MARÉCHAL LANNES

Des ordres sont donnés, monsieur le maréchal, à la division Grouchy d'être arrivée avant onze heures du soir à Domnau, où il prendra vos ordres. Il a été également ordonné au maréchal Mortier, qui est au village de Lampasch, d'arriver avant onze heures du soir à Domnau; ce qui fera trois ou quatre mille hommes de cavalerie. Le général Grouchy pourra prendre le commandement de ces quatre mille hommes, afin de les faire manœuvrer convenablement, et faire exécuter les ordres que le maréchal Lannes donnera.

Le maréchal Mortier a l'ordre d'envoyer un officier de son état-major au quartier-général, afin de se concerter, et que demain avant le jour il parte et se réunisse à vous, afin d'agir de concert et de donner tous ensemble. Sa Majesté trouve que les renseignemens que vous lui envoyez sur Friedland ne sont pas assez précis; mais vous êtes maître d'attaquer Friedland, si vous croyez que l'ennemi n'est pas supérieur à vous. Dans le cas où il serait supérieur, vous pouvez prendre position pour l'empêcher de déboucher. Sa Majesté pense que si l'ennemi débouche, il le fera par la route qui va de Friedland à Kœnigsberg, par… et que, par ce moyen, il évitera Domnau. Les nouvelles qu'on a de l'ennemi sont les suivantes:

Qu'il a évacué, ce matin à cinq heures, Barteinstein, se dirigeant sur Schippenbeil par la rive droite de l'Alle; qu'à Barteinstein il a jeté à l'eau ses magasins et une grande quantité d'eau-de-vie et farine; qu'on ne sait pas s'il se retire par Grodno, ou s'il veut se retirer par Kœnigsberg, soit en débouchant par Friedland, soit en allant jusqu'à Eylau. Sa Majesté pense qu'il est important qu'il ne débouche pas par Friedland; c'est là le but pour lequel vous avez été envoyé à Domnau. Quant à l'attaque de Friedland, il faudrait savoir les renseignemens pris à Friedland. Est-ce l'avant-garde, est-ce l'arrière-garde ou un détachement qui est venu reprendre Friedland?

Eylau, le 13 juin 1807, neuf heures du soir.
AU GÉNÉRAL VICTOR

Il paraît, général, que plusieurs corps de l'armée ennemie se trouvent coupés; on s'est battu ce soir sur plusieurs points. Faites donc partir votre armée au petit point du jour, de manière à pouvoir faire demain dix lieues, et vous trouver encore de bonne heure sur le champ de bataille. Faites filer votre cavalerie, et de votre personne rendez-vous très-promptement près de l'empereur. Faites-moi connaître, par le retour de l'officier d'état-major, à quelle heure la tête de votre colonne arrivera ce soir à Eylau. Ce ne saurait être de trop bonne heure.

Eylau, le 13 juin 1807, minuit.
AU MARÉCHAL MORTIER

Je vous renouvelle, monsieur le maréchal, l'ordre que je vous ai déjà donné de faire partir votre corps d'armée à une heure du matin, afin de soutenir le maréchal Lannes. Il est nécessaire de partir à cette heure, afin de laisser le chemin libre au maréchal Ney, qui vous suit. Faites parquer vos bagages, charrettes sous la garde des Polonais, afin de ne pas encombrer la route.

Eylau, le 13 juin 1807, minuit.
AU MARÉCHAL NEY

L'empereur, monsieur le maréchal, ordonne que vous partiez à deux heures du matin pour vous rendre à Domnau y soutenir le maréchal Lannes. Envoyez-lui un officier d'état-major à Friedland, afin qu'il puisse, suivant les circonstances, accélérer ou ralentir sa marche. Vous vous trouverez suivre le corps du maréchal Mortier qui part à une heure du matin.

Eylau, le 13 juin 1807, minuit.

Il est ordonné au général Nansouty de partir avec sa cavalerie à minuit pour se rendre à Domnau. Il enverra un aide-de-camp près le maréchal Lannes, à Friedland, afin qu'il puisse accélérer ou ralentir sa marche suivant les circonstances. Le général Grouchy est déjà à Domnau; le plus ancien des deux généraux commandera la cavalerie en attendant l'arrivée du grand-duc de Berg. Du moment qu'on saura que l'empereur aura passé, on enverra un officier d'ordonnance près de lui pour faire connaître ce qui se passe, et prendre ses ordres.

Eylau, 13 juin 1807, minuit.
AU MARÉCHAL BESSIÈRES

Donnez ordre, M. le maréchal, que toute la garde à pied et à cheval soit prête à partir à deux heures du matin; vous enverrez à cette heure prendre des ordres, et vous ne ferez brider que quand l'heure du départ sera donnée.

Eylau, 14 juin 1807.
À SON ALTESSE IMPÉRIALE LE GRAND DUC DE BERG

L'empereur me charge de vous prévenir, M. le prince, que l'ennemi est en très-grande force à Friedland; le corps du maréchal Lannes, celui du maréchal Ney, celui du maréchal Mortier, les divisions Grouchy et Nansouty sont devant Friedland.

L'intention de Sa Majesté est que vous, M. le prince, et le corps du maréchal Davoust gardiez bien les débouchés de votre droite, car il serait possible que la tête des ennemis se présentât pour filer sur Kœnigsberg.

L'empereur pense que M. le maréchal Soult suffira pour supposer aux seuls Prussiens qui sont devant Kœnigsberg; Sa majesté désire que vous manœuvriez de manière à appuyer autant que possible la gauche de votre corps d'armée qui est en avant de Domnau sur Friedland, avec votre cavalerie et le corps du maréchal Davoust. Sa Majesté se rend à Domnau.

Ordre de bataille. Au bivouac devant Friedland, le 14 juin 1807.

Le maréchal Ney prendra la droite; il appuiera à la position actuelle du général Oudinot. Le maréchal Lannes fera le centre qui commence à la gauche du maréchal Ney, c'est-à-dire à peu près vis-à-vis le village Postenem. La partie de la droite que forme actuellement le général Oudinot, appuiera insensiblement à gauche.

Le maréchal Lannes resserrera les divisions; par ce ploiement, il pourra se placer sur deux lignes.

La gauche sera formée par le maréchal Mortier, qui n'avancera jamais, le mouvement devant être fait par notre droite, et devant pivoter sur la gauche.

Le général Grouchy avec la cavalerie de l'aile gauche, manœuvrera pour faire le plus de mal possible à l'ennemi, qui, par l'attaque vigoureuse de notre droite, sentira la nécessité de battre en retraite.