Czytaj książkę: «Lutter Contre Tout Ennemi»
LUTTER CONTRE TOUT ENNEMI
(UN THRILLER LUKE STONE—VOLUME 4)
J A C K M A R S
Jack Mars
Jack Mars est actuellement l’auteur best-seller aux USA de la série de thrillers LUKE STONE, qui contient sept volumes. Il a également écrit la nouvelle série préquel L’ENTRAÎNEMENT DE LUKE STONE, ainsi que la série de thrillers d’espionnage L’AGENT ZÉRO.
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LIVRES DE JACK MARS
SÉRIE DE THRILLERS LUKE STONE
TOUS LES MOYENS NÉCESSAIRES (Volume #1)
PRESTATION DE SERMENT (Volume #2)
SALLE DE CRISE (Volume #3)
LUTTER CONTRE TOUT ENNEMI (Volume #5)
L’ENTRAÎNEMENT DE LUKE STONE
CIBLE PRINCIPALE (Tome #1)
DIRECTIVE PRINCIPALE (Tome #2)
MENACE PRINCIPALE (Tome #3)
UN THRILLER D’ESPIONNAGE DE L’AGENT ZÉRO
L’AGENT ZÉRO (Volume #1)
LA CIBLE ZÉRO (Volume #2)
LA TRAQUE ZÉRO (Volume #3)
LE PIÈGE ZÉRO (Volume #4)
LE FICHIER ZÉRO (Volume #5)
LE SOUVENIR ZÉRO (Volume #6)
CHAPITRE UN
16 octobre
5h25 – Heure d’été des Rocheuses
Canyon Marble
Parc national du Grand Canyon, Arizona
« Ils arrivent de partout ! »
Luke essayait de survivre jusqu’au lever du soleil, mais ce dernier tardait à montrer le bout de son nez. Il faisait froid et il n’avait plus de t-shirt. Il l’avait déchiré dans le feu de l’action. Il ne lui restait plus de munitions.
Des combattant talibans enturbannés et barbus déferlaient sur le poste avancé. Autour de lui, des hommes hurlaient.
Luke jeta son fusil vide et sortit son pistolet. Il tira quelques coups de feu sur ses propres positions qui étaient submergées par les troupes ennemies. Certains s’échappèrent mais d’autres continuèrent à arriver par-dessus le mur.
Où étaient ses hommes ? Est-ce qu’il y avait encore quelqu’un de vivant ?
Il tua l’homme qui se trouvait le plus près de lui d’une balle dans la tête. Son crâne explosa comme une tomate écrasée. Il prit l’homme par la tunique et se servit de son corps comme bouclier. L’homme décapité lui parut léger comme une plume. Luke sentit l’adrénaline monter en lui – c’était comme si le cadavre de cet homme n’était qu’un vieux tas de vêtements.
Il continua à tirer et tua quatre autres hommes.
Puis il se retrouva à nouveau sans munitions.
Un Taliban chargea avec un AK-47, muni d’une baïonnette. Luke lança le cadavre dans sa direction, puis son pistolet. Ce dernier heurta l’homme à la tête, ce qui le fit perdre l’équilibre l’espace d’une seconde. Luke en profita pour attaquer. Il passa à côté de la baïonnette et enfonça ses doigts dans les yeux de l’homme.
L’homme hurla. Ses mains se portèrent à son visage. Luke avait maintenant pris possession de l’AK-47. Il enfonça à plusieurs reprises la baïonnette dans la poitrine de son ennemi, en l’enfonçant profondément.
L’homme laissa échapper son dernier souffle à cinq centimètres du visage de Luke.
Luke fouilla rapidement le corps de l’homme. Il avait une grenade dans la poche de sa poitrine. Luke la prit, la dégoupilla et la lança par-dessus les remparts, en direction des hordes qui ne cessaient de déferler.
BOUM.
La grenade avait explosé juste là, tout près de lui, en projetant de la terre, des pierres, du sang et des os. Le mur en sacs de sable s’effondra en partie sur lui.
Luke parvint à se remettre sur pieds. Ses oreilles sifflaient. Il regarda l’AK-47. Il était vide. Mais il avait toujours la baïonnette.
« Allez, venez, bande de salopards ! » hurla-t-il. « Venez, je vous attends ! »
D’autres hommes se mirent à déferler par-dessus le mur et il les poignarda de manière frénétique. Il les dépeçait de ses mains nues et leur tirait dessus avec leurs propres armes.
À un moment donné, le soleil se leva, mais il ne réchauffa pas l’atmosphère. La lutte avait cessé – il ne se rappelait pas quand, ni comment, mais elle s’était terminée. Le sol était rugueux. Il y avait des cadavres partout. Des hommes maigres et barbus gisaient au sol, les yeux écarquillés.
Il vit un homme descendre la colline en rampant, en laissant une traînée de sang derrière lui. Il savait qu’il devrait le tuer, mais il ne voulait pas risquer de se retrouver à découvert.
La poitrine de Luke était toute rouge. Il était trempé de sang. Son corps tremblait sous l’effet de la faim et de la fatigue. Il regarda les montagnes autour de lui.
Combien d’autres y avait-il encore dans ces montagnes ? Combien de temps avant qu’ils décident d’attaquer ?
Pas loin de lui, Martinez était couché sur le dos, au fond de la tranchée. Il gémissait. Il ne parvenait pas à bouger les jambes. Il en avait assez. Il avait envie de mourir. « Stone, » dit-il. « Hé, Stone. S’il te plaît, tue-moi. Tire-moi une balle dans la tête. Hé, Stone ! Tu m’entends ? »
Luke était comme paralysé. Il n’avait pas l’énergie suffisante pour penser à Martinez, ni à ses jambes. Il était juste fatigué de l’entendre se plaindre.
« Je le ferais volontiers, Martinez, juste pour que tu arrêtes de te plaindre. Mais je n’ai plus de munitions. Alors ressaisis-toi, OK ? »
Il vit Murphy assis sur une pierre, le regard perdu dans le vide. Il n’essayait même pas de rester à couvert.
« Murph ! Viens me rejoindre. Tu veux qu’un franc-tireur te tire une balle dans la tête ? »
Murphy se retourna et regarda Luke. Ses yeux n’étaient plus là. Ils avaient disparu. Il secoua la tête et laissa échapper un soupir qui ressemblait presque à un rire. Il resta exactement à l’endroit où il se trouvait.
Si d’autres talibans arrivaient, ils étaient cuits. Aucun de ces hommes n’arriverait à lutter très longtemps et la seule arme dont Stone disposait, c’était la baïonnette pliée qu’il tenait en main. Pendant un instant, il envisagea de fouiller les cadavres à la recherche d’armes. Mais il n’était pas sûr d’avoir la force de tenir debout. Il allait peut-être devoir ramper.
Il vit soudain une rangée d’insectes noirs apparaître au loin dans le ciel. Il sut tout de suite ce que c’était. Des hélicoptères. Des hélicoptères de l’armée américaine, probablement des Black Hawks. La cavalerie arrivait. Luke ne se sentit pas spécialement soulagé. En fait, il ne ressentait rien. L’absence de sentiment était un risque du métier. Il ne sentait rien du tout…
Luke fut réveillé par la sonnerie de son téléphone. Il cligna des yeux.
Il reprit ses esprits. Il réalisa qu’il se trouvait dans une tente, au pied du Grand Canyon.
C’était juste avant l’aurore et il se trouvait dans une tente qu’il partageait avec son fils, Gunner. Il regarda l’obscurité qui l’entourait et écouta la respiration profonde de son fils.
Son téléphone continua à sonner.
Il vibrait sur sa jambe, en faisant ce bruit ennuyant de vibration que les téléphones faisaient quand ils étaient en mode silence. Il ne voulait pas réveiller Gunner mais c’était probablement un appel auquel il devrait répondre. Très peu de gens avaient ce numéro et ce n’étaient pas le genre de personnes qui appelleraient juste pour papoter.
Il jeta un coup d’œil à sa montre : cinq heures et demie du matin.
Luke ouvrit la tirette de la tente, se glissa à l’extérieur et la referma derrière lui. Tout près de lui, dans la lueur pâle de l’aurore, Luke vit les deux autres tentes – celle d’Ed Newsam et celle de Mark Swann. Il vit les restes du feu de camp d’hier soir, qu’ils avaient allumé au centre de leur campement – et certains morceaux de bois étaient encore rouges.
L’air était frais et vif – Luke portait seulement un boxer et un t-shirt. Il eut la chair de poule. Il glissa ses pieds dans des sandales et descendit vers la rivière, là où le canot était amarré. Il voulait s’éloigner le plus possible du camp, afin d’éviter de réveiller qui que ce soit.
Il s’assit sur un rocher et regarda les parois du canyon qui se dressait autour de lui. En contrebas, il entendit le bruit de l’eau. Il pouvait également discerner en aval, à environ un kilomètre de là, le bruit des prochaines chutes.
Il regarda son téléphone. Il connaissait ce numéro par cœur. C’était celui de Becca. Probablement la dernière personne à laquelle il avait envie de parler à cet instant précis. Ça faisait cinq jours que Gunner était avec lui, ce qui était parfaitement légal et conforme à leur accord. C’est vrai que Gunner avait raté l’école pendant ce temps-là, mais c’était un petit génie – il n’était vraiment pas à la traîne et il était même question de lui faire sauter des cours.
Aux yeux de Luke, emmener son fils en pleine nature et lui permettre d’avoir l’occasion de tester son mental et son physique, ce n’était que bénéfique pour lui – et probablement plus important que tout ce qu’il pourrait faire en restant enfermé chez lui. De nos jours, les enfants passaient bien trop de temps devant des écrans. C’est vrai que ces derniers avaient leur utilité. C’étaient des outils puissants mais c’était tout ce qu’ils étaient. Ils ne devaient pas prendre la place de la famille, de l’exercice physique, de l’amusement ou de l’imagination. Aucune véritable aventure ou expérience n’avait jamais eu lieu sur un écran d’ordinateur.
Il rappela Becca. Il était sur le qui-vive mais tout en gardant l’esprit ouvert. Quel que soit le jeu qu’elle cherchait à jouer, il allait rester calme et aussi raisonnable que possible.
Le téléphone sonna une seule fois.
« Luke ? »
« Salut, Becca, » dit-il, d’une voix douce et amicale, comme si c’était la chose la plus normale du monde d’appeler quelqu’un avant le lever du soleil. « Comment vas-tu ? »
« Je vais bien, » dit-elle. Quand elle lui parlait, le ton de sa voix était toujours sec et tendu. Il savait que sa vie avec elle était terminée. Mais celle qu’il partageait avec son fils ne faisait que commencer. Et il était bien décidé à surmonter tous les obstacles qu’elle pourrait mettre sur son chemin.
Il attendit.
« Que fait Gunner ? » demanda-t-elle.
« Il dort. Il est encore tôt ici. Le soleil ne s’est pas encore levé. »
« Ah oui, c’est vrai, » dit-elle. « J’avais oublié le décalage horaire. »
« Ce n’est pas grave, » dit-il. « J’étais de toute façon réveillé. » Il fit une brève pause. Les premiers rayons du soleil commençaient à apparaître à l’Est, au-dessus des montagnes, et projetaient une lueur orangée sur les falaises qui se trouvaient en face.
« Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? »
Elle n’hésita pas une seconde. « Je veux que Gunner rentre tout de suite à la maison. »
« Becca… »
« Ne cherche pas à protester, Luke. Tu sais que ça n’aura aucun poids devant un juge. Un agent spécial souffrant de stress post-traumatique et avec des antécédents de violence veut emmener son jeune fils dans une aventure en pleine nature, ce qui l’empêche également d’aller à l’école pendant des semaines. Je n’arrive même pas à croire que j’ai pu être d’accord. J’ai été tellement distraite que j’ai… »
Il l’interrompit. « Becca, on est dans le Grand Canyon. On descend la rivière en kayak. Tu le sais, ça, n’est-ce pas ? À moins qu’un hélicoptère vienne nous chercher, il va nous falloir environ trois jours pour atteindre la rive Sud, où on passera la nuit dans un lodge. Après ça, il nous faudra une journée entière de route pour atteindre Phoenix. Et si je me rappelle bien, nos billets d’avion retour sont pour le vingt-deux. Et d’ailleurs… cette histoire de stress post-traumatique, ce n’est pas vrai. Aucun médecin ne l’a jamais mentionné. C’est quelque chose que tu as imaginé toute seule dans… »
« Luke, j’ai un cancer. »
Il s’arrêta dans son élan. Ces derniers jours, elle avait été beaucoup plus agitée que d’habitude. Il l’avait remarqué mais il l’avait plus ou moins ignoré. Ça ne l’avait pas spécialement choqué car elle se mettait beaucoup la pression. Becca était la championne du stress. Mais là, c’était différent.
Luke sentit des larmes lui monter aux yeux et une boule se former dans sa gorge. Est-ce que c’était vrai ? Quoi qu’il y ait eu entre eux, c’était la femme dont il était tombé amoureux. C’était la femme qui avait porté son enfant. À une époque, il l’avait aimée plus que toute autre chose sur cette terre, et certainement plus qu’il ne s’aimait lui-même.
« Mon dieu, Becca. Je suis vraiment désolé. Quand l’as-tu appris ? »
« J’ai été malade tout l’été. J’ai perdu du poids. Au début, ce n’était pas si grave que ça, mais j’ai commencé à en perdre de plus en plus. J’ai cru que c’était dû au stress, avec tout ce qui était arrivé l’année dernière – l’enlèvement, l’accident de métro, tout ce temps où tu étais loin de nous. Mais tout était revenu à la normale et j’étais toujours malade. Il y a quelques semaines, je suis allée faire quelques tests. Je vomissais beaucoup. Je ne voulais rien te dire jusqu’à ce que j’en sache plus. Maintenant, je sais. J’ai vu mon médecin hier et elle m’a annoncé la mauvaise nouvelle. »
« Qu’est-ce que tu as ? » demanda-t-il, bien qu’il ne soit pas certain d’avoir envie d’entendre la réponse.
« C’est le pancréas, » dit-elle, en faisant tomber peut-être la pire bombe qu’il aurait pu imaginer. « Au stade quatre. Luke, j’ai déjà des métastases dans le colon, dans le cerveau, dans les os… » Elle s’interrompit et il l’entendit sangloter à trois mille kilomètres de distance.
« J’ai pleuré toute la nuit, » dit-elle, la voix brisée. « Je n’arrive pas à m’arrêter. »
Bien qu’il se sente mal pour elle, Luke se rendit compte que toutes ses pensées étaient dirigées vers son fils. « Combien de temps ? » dit-il. « Est-ce qu’ils t’ont dit combien de temps tu avais devant toi ? »
« Trois mois, » dit Becca. « Peut-être six. Mais elle m’a dit de ne pas trop espérer. Beaucoup de gens meurent très vite. Il arrive parfois un miracle et que certains patients continuent à vivre de manière indéfinie. Mais elle m’a tout de même recommandé de mettre de l’ordre dans mes affaires. »
Elle fit une pause. « Luke, j’ai vraiment peur. »
Il hocha la tête. « Je m’en doute. On sera là dès que possible. Je ne dirai rien à Gunner. »
« OK, je préfère que tu ne lui en parles pas. On lui dira ensemble. »
« OK, » dit Luke. « On se voit très bientôt. Je suis vraiment désolé. »
Ils raccrochèrent et Luke se sentit mal à l’aise. Si seulement ils ne s’étaient pas autant disputés au cours des derniers mois. Si seulement elle n’avait pas été aussi hostile à son égard. Si tout ça n’était pas arrivé, peut-être qu’il aurait trouvé un moyen de la réconforter, même à distance. Il était devenu dur avec elle et il ne savait pas s’il restait une quelconque tendresse entre eux.
Il resta assis un moment sur le rocher. La lumière du jour commençait à envahir le ciel. Il ne repensa pas aux bons moments qu’il avait passés avec elle. Et il évita de penser aux disputes qu’ils avaient eues cette année et combien elle était restée campée sur ses positions. Il avait l’esprit vide et c’était tant mieux. Il fallait qu’il trouve un moyen de sortir de ce canyon et il devait annoncer à Ed et à Swann qu’il devait partir le plus tôt possible avec Gunner.
Il se leva du rocher et retourna au camp. Ed était levé et il était accroupi à côté du feu. Il l’avait rallumé et il faisait chauffer du café. Il était torse nu et il ne portait rien d’autre qu’un boxer et des tongs. Son corps était tout en muscles et il n’avait pas un gramme de graisse – on aurait dit un lutteur sur le point d’entrer dans une cage. Il regarda Luke s’approcher et fit un geste en direction de l’Ouest.
De ce côté-là, le ciel était encore sombre. Mais la nuit perdait du terrain, chassée par les lueurs de l’aube. Au-dessus d’eux, les parois du canyon étaient illuminées par les premiers rayons du soleil, projetant des stries rouge, orange, rose et jaune.
« C’est vraiment trop beau, » dit Ed.
« Ed, » dit Luke. « J’ai de mauvaises nouvelles. »
CHAPITRE DEUX
21h15 – Heure de Greenwich (16h15 – Heure d’été de l’Est)
Commune de Molenbeek
Bruxelles, Belgique
L’homme mince savait parler néerlandais.
« Ga weg, » dit-il à voix basse. Va-t’en.
Il ne s’appelait pas Jamal. Mais c’était le nom qu’il donnait parfois aux gens et c’était sous ce nom que de nombreuses personnes le connaissaient. La plupart des gens l’appelaient Jamal. Certains l’appelaient le Fantôme.
Il était debout dans l’ombre, près d’une poubelle qui débordait, dans une étroite rue pavée. Il fumait une cigarette et regardait une voiture de police qui était garée dans la rue principale. La rue dans laquelle il se trouvait n’était qu’une petite ruelle et en restant dans l’ombre, il savait que personne ne pouvait le voir. Les boulevards, les trottoirs et les ruelles de ce quartier musulman tristement célèbre étaient trempés par la pluie froide qui venait de s’arrêter dix minutes plus tôt.
L’endroit était vraiment désert ce soir.
Sur le boulevard, la voiture de police démarra et se mit lentement à rouler dans la rue. C’était la seule voiture.
Jamal sentit une pointe d’excitation – c’était presque de la peur – en regardant la voiture de police. Ils n’avaient aucune raison de l’embêter. Il n’avait enfreint aucune loi. Il était bien rasé et bien habillé, dans son costume foncé et ses chaussures en cuir italien. Il pouvait très bien passer pour un homme d’affaires, ou même pour le propriétaire des immeubles qui l’entouraient. Il n’était pas le genre de personne que la police arrêtait et fouillait. Même s’il lui était déjà arrivé de se retrouver dans les mains des autorités – pas ici en Belgique, mais ailleurs. L’expérience avait été désagréable, et le mot était faible. Il s’était déjà entendu hurler de douleur pendant plus de douze heures d’affilée.
Il secoua la tête pour balayer cette image, finit sa cigarette et jeta son mégot par terre. Il se retourna en direction de l’allée. Il passa à côté d’un panneau rond et rouge, barré d’une rayure blanche horizontale – DÉFENSE D’ENTRER. La ruelle était trop étroite pour les voitures. Si la police décidait soudain de le suivre, elle allait devoir le faire à pied. Ou ils devraient faire le tour par l’autre côté. Et le temps qu’ils le fassent, il aurait déjà disparu.
Cinquante mètres plus loin, il ouvrit la porte d’un bâtiment particulièrement délabré. Il gravit les marches d’un escalier étroit jusqu’au troisième étage, où l’escalier se terminait sur une épaisse porte blindée. Les vieilles marches en bois étaient déformées et tout l’escalier penchait légèrement sur le côté.
Jamal frappa du poing sur l’épaisse porte en suivant une séquence bien définie :
BANG-BANG. BANG-BANG.
Il fit une pause de quelques secondes.
BANG.
Un œil apparut derrière le judas. L’homme qui se trouvait de l’autre côté se mit à grogner en voyant qui c’était. Jamal l’entendit tourner la clé dans la serrure, puis soulever la barre en acier qui était enfoncée dans un trou au sol. La police aurait vraiment du mal à entrer dans cet appartement, s’ils venaient seulement à avoir des soupçons sur cet endroit.
« As salaam alaikum, » dit Jamal en entrant.
« Wa alailkum salaam, » dit l’homme qui lui ouvrit la porte. C’était un type baraqué. Il portait un vieux t-shirt sans manche, un pantalon et des bottines. Une barbe hirsute lui couvrait le visage et il avait d’épais cheveux noirs bouclés. Il avait un regard éteint. Il était tout ce que l’homme mince n’était pas.
« Comment vont-ils ? » demanda Jamal en français.
L’homme haussa les épaules. « Bien, je crois. »
Jamal traversa un rideau de perles, avant de s’avancer dans un couloir et d’entrer dans une petite pièce – qui aurait certainement fait office de salon si c’était une famille qui habitait à cet endroit. La pièce crasseuse était remplie de jeunes hommes. La plupart portaient des t-shirts avec leur équipe préférée de football, un jogging et des baskets. Il faisait chaud et humide dans la pièce, peut-être en raison de la promiscuité qui y régnait. Il y flottait une odeur corporelle, mélangée à celle de chaussettes mouillées.
Au milieu de la pièce, posé sur une grande table en bois, se trouvait un objet argenté de forme oblongue. Il faisait environ un mètre de long et cinquante centimètres de large. Jamal avait vécu en Allemagne et en Autriche et l’objet lui faisait penser à un fût à bière. Excepté pour son poids – il était assez léger – c’était une réplique assez fidèle d’une ogive nucléaire W80 américaine.
Deux jeunes hommes se trouvaient autour de la table, tandis que les autres les observaient. L’un était debout devant un petit ordinateur intégré dans une valise en acier. La valise était également équipée d’un panneau de contrôle – qui comprenait deux interrupteurs, deux lumières LED (une rouge et une verte) et un clavier. Un câble reliait la valise à un autre panneau de contrôle qui se trouvait sur le côté de l’ogive nucléaire. Tout ce dispositif – la valise et l’ordinateur intégré – était connu sous le nom de dispositif de commande UC 1583. C’était un appareil conçu pour servir à une seule chose – communiquer avec une arme nucléaire.
Le deuxième homme était penché sur une enveloppe blanche posée sur la table. Un microscope numérique hyper précis était accroché à son œil et il examinait l’enveloppe de près. Il cherchait quelque chose de bien précis – un minuscule point, pas plus gros qu’un point en fin de phrase, où était incrusté le code qui armerait et activerait l’ogive nucléaire.
Jamal s’approcha d’eux.
Le jeune homme avec le microscope examinait soigneusement l’enveloppe. Il couvrait de temps en temps le microscope de sa main, pour avoir une vue d’ensemble avec son autre œil. Il cherchait toute tache d’encre ou toute imperfection qui pourrait avoir l’air suspecte. Puis il se remettait à examiner l’enveloppe au microscope.
« Attends, » murmura-t-il à voix basse. « Attends… »
« Dépêche-toi, » lui dit son partenaire, d’une voix impatiente. Ils étaient non seulement jugés pour leur précision, mais aussi pour leur rapidité. Quand le moment viendrait, ils allaient devoir agir très rapidement.
« Ça y est, je l’ai. »
Ce fut maintenant à son partenaire d’agir. De mémoire, le jeune homme introduisit une séquence qui permettait à l’ordinateur d’accepter un code d’armement. Il le fit avec des mains tremblantes. Il était tellement nerveux qu’il fit une erreur en introduisant la séquence et qu’il dut recommencer.
« OK, » dit-il. « Vas-y, donne-moi le code. »
Lentement et de manière très intelligible, l’homme au microscope lut une séquence de douze chiffres. L’autre homme tapa chacun de ces chiffres sur le clavier. Après le douzième, l’homme au microscope dit ‘Terminé.’
L’homme à l’ordinateur introduisit alors une autre séquence, alluma deux interrupteurs et tourna la molette. La lumière LED verte s’alluma sur le panneau de contrôle.
Le jeune homme sourit et se tourna vers son instructeur.
« Armée et prête à être lancée, » dit-il. « Si dieu le veut. »
Jamal lui sourit en retour. Il n’était qu’un observateur ici – il était venu pour voir comment les recrues progressaient. C’étaient de vrais croyants et ils se préparaient à une probable mission suicide. Si les codes n’étaient pas introduits correctement, les ogives pouvaient tout simplement se désactiver – elles pouvaient également s’auto-détruire, en projetant un nuage mortel de radiation et tuant tout le monde dans le quartier.
Personne ne savait exactement ce qui se passerait si des codes incorrects étaient introduits. Ce n’était que spéculation à ce sujet. Les Américains gardaient ça bien secret. Mais ça n’avait aucune importance. Ces jeunes hommes étaient prêts à mourir et c’était probablement ce qui allait se passer. Sans même tenir compte des codes, quand les États-Unis allaient se rendre compte que leurs précieuses ogives nucléaires avaient été volées, ils n’allaient pas répondre de manière tendre. Non. Ils allaient se lâcher, mettre le paquet et tout détruire sur leur passage.
Jamal hocha la tête et récita silencieusement une prière de remerciement. Ça avait été du boulot de mettre sur pied ce projet. Ils avaient les moudjahidines dont ils avaient besoin – mais il est vrai qu’il était assez facile de trouver de jeunes hommes prêts à mourir pour leur foi.
Les autres éléments de ce projet étaient plus compliqués. Ils allaient bientôt avoir les plateformes de lancement et les missiles – Jamal allait y veiller personnellement. Les codes avaient été promis et il était certain qu’ils allaient les recevoir comme prévu. Après ça, tout ce dont ils auraient besoin, c’étaient des ogives nucléaires.
Et si dieu le voulait, ils les auraient également très bientôt.